Une rencontre entre la reine et un jeune homme au nom de jeu de cartes(BlackJack)

Lorsque Lucifer m'emporte dans ses bras...

La reine s’était réveille d’une heure tardive. Comme c’était bon! Lentement, elle s’était vêtue d’une longue robe aux couleurs de rouge et de noir. Sa jupe était ouverte au devant, laissant voir deux jambes fermes et lisses. Un corset, s’agençant avec la robe, était ouvert au haut du dos, laissant voir l’étrange dessin de poisson dans son dos. Deux petites manches en soie reposaient lestement sur ses frêles épaules. Le torse était décoré d’un immense cœur noir embrassant sa poitrine jusqu’à son nombril, le reste du tissu était d’un rouge vif. Elle se maquilla comme à son habitude, et ajouta les deux traits rouges sous ses yeux, signes distinctifs de la nouvelle reine. Elle se coiffa puis s’orna de sublimes bijoux. Elle était enfin prête à cette nouvelle journée longue et ennuyeuse qui se dessinait devant elle. Deux dames à son service vinrent la chercher et l’escortèrent dans le hall où elles ouvrirent les deux immenses portes de la salle du trône. La salle était plongée dans la noirceur et c’était chose que n’aimait pas la reine. Oh non! Pas en cette radieuse et magnifique journée! Elle leur demanda de les ouvrir et d’ouvrir une fenêtre. Quant à la reine, elle profita de cet instant de distraction et monta au niveau supérieur où l’orgue était majestueusement installé. Les longs tuyaux d’or étaient une grande richesse de cette salle. Elle y prit donc place et commença à y jouer alors que les rideaux commençaient à s’ouvrir. Le bruit des cintres était camouflé par les puissants poumons de cet instrument. Même le cri de surprise d’une de ses servantes en fut masqué. Elle jouait, simplement, par envie et amusement. Elle sentait ainsi ce délectable goût que Lucifer lui donnait. Ce don donné par le ciel. Elle se concentrait alors que ses doigts jouaient avec ferveur sur chacune des notes appuyées. Quel merveilleux goût! Savait-elle qu’un intrus était entré dans son palais?

Je ne sais pas pourquoi j’ai tant de mal a assumer ce que je suis capable de faire.

Le manteau noir trainant par terre, le regard vide, les cheveux ébouriffés. Le chirurgien le plus réputé trainait du côté du Nord de Wonderland, cette partie du pays des merveilles appartenant a la reine rouge. Cette chère Morgana qu’il n’avait jamais croisé de sa vie. Ou l’inverse. Il avait une envie de la rencontrer aussi forte que celle de ne jamais la croiser. Il ne se souvenait pas comment il en était arrivé la, pourquoi il avait gardé le même potentiel depuis son arrivée ici. Pourquoi avait-il gardé sa raison de vivre après l’erreur qui lui avait couté la vie. Quel idiot il était de pouvoir croire que tout pouvait recommencer alors que la fin venait juste de partir en fumée.

Je n’ai jamais réussi a poursuivre une autre voie que celle que mon destin m’a accordé.

La tête et les yeux dirigés vers le point de fuite du chemin qu’il continuait de prendre chaque matin après un petit déjeuner a un café qui se résume a un verre de lait chaud et un … Non laissez tomber en vérité. Tout ceci n’a rien de si exceptionnel ou même intéressant. Après son repas de roi, le docteur reprenait sa route pour se promener dans les champs verts pomme de la prairie, qui séjourne depuis l’éternel au pied du plus beau château de Wonderland. Oui, le château de cette délicieuse sucrerie blanche est trop chargé en sucre dirons nous. Il n’y a plus qu’a espérer que la reine soit light ou juste aromatisé au plaisir des fruits…rouges. Et une pointe d’acidulé serait pas mal, non ?

J’avais envie de la voir de mes propres yeux, pouvoir soigner ses blessures les plus profondes.

Elle souffre ? J’espère que oui. Il pourrait être le premier a pouvoir refermer ses plaies. Amour ou médecine ? Il l’admire. Oui, il l’admire. Pourrais t-elle peut-être le payer, elle qui a de l’argent, cette reine ingrate. Mais pourtant, il l’admire, oui, il l’admire. Un jour peut-être, on le réclamerai au palais, on aurait besoin de lui pour combler un manque irréel qu’est la maladie du cœur. Un cœur rouge et ensanglanté. De son scalpel, il tracerait le chemin de sa vie, ouvrant une nouvelle blessure, plus profonde. Et il serait payé, comme elle voudrait.

Mais n’est-ce pas prétentieux de penser cela ? A vous de juger, je ne fais que faire mon devoir.

Il s’assit quelques instants au milieu de l’herbe, une légère migraine débutait. Il pensait trop. Il sortit de sa mallette en cuir un cachet d’aspirine. Simple et léger, mais si efficace ! Aussi efficace que le regard glacial de la reine ? Ou l’inverse. Un jour, il a dit : « Je veux bien vous sauver la vie mais la vie n’est pas gratuite. Vous devrez donc régler votre dette. » Cet endroit est la sienne. Il doit payer ? Aouch. Il souffre… Ou l’inverse.

C’est marrant comme la nature est bien faite. Je suis mort mais en vie.

D’un mouvement léger et gracieux, il se relève, reprenant la marche. Une goutte de sueur parcoure son front. Le soleil, bien qu’irréel lui aussi lui fait de l’œil. Oui est-ce bien est-ce BJ qui lui en fait et le gentil soleil l’inonde de ses rayons UV pour le faire fondre tel du sucre. Il faut dire que sa cape noir ne le rafraichit pas plus que ça. Même si son cœur est glacé et enrobé de ce cristal tel un iceberg, on dirait bien que ce pays cherche a le briser. Si ce n’est pas déjà fait. Je sais, je sais….Vous avez du mal a comprendre. Lisez entre les lignes, devinez ce que je veux vous faire rentrer dans le crâne, sans vous le dire directement. A vous de voir si vous êtes assez intelligent ! Est-ce que tu trembles ou tu souris ? Si c’est les deux, il se fera un plaisir de venir te voir. Mais ne t’attends pas a le voir sourire, ou se montrer amical. Il a peur de l’attachement. Il veut juste sauver des vies, chose totalement Absurde ici.

Je ne vous permet pas de me juger sur des choses aussi clichés. Je ferais mon travail jusqu'à qu’on me coupe les doigts.

Il se dirigeait maintenant vers le château. Le château de cœur, la maison de la reine. Ou l’inverse. Il avait senti quelque chose émaner de cet endroit. Il ne vient pas juste pour la visite. Ce n’est pas son genre. De son air bourru, il vous répondrais : « Je n’ai pas que ça a faire. » Mais une timidité naïve semblait l’attirer plus que tout. Il ne rougit jamais, il confirme un rendez vous. Il ne sourit jamais, il vous regarde dans les yeux. Il ne plie jamais, il s’en va. Si quelque chose lui plait, il renonce. Ou l’inverse. Ça vous énerve cette phrase ? C’est pourtant la vérité. Il arriva enfin aux portes du palais. Il lui a suffit de dire qu’il était médecin venant soigner la reine, et on l’a laissé entrer. Bizarre, la sécurité laisse a désirer. Il aurait bien voulu dire qu’il était le représentant de la reine blanche, pour voir si on l’aurait laissé entrer, pour bien se marrer. Sarcasme ? Bien, j’arrête.

Lentement, je cherchais son regard et son odeur, pour me convaincre de sa présence. J’aurais aimé la voir s’écrouler pour avoir une raison de pouvoir me précipiter vers elle.

Mais il ne fit rien et attendit que quelqu’un l’accueille. Il regarda a droite, a gauche et finalement se dirigea vers la salle du trône. Il s’ennuyait et cherchait quelque chose a réparer. Un corps humain, de préférence. Sa main le démangeait, il n’avait pas eu son bistouri en main depuis longtemps. Trop longtemps. Saviez vous qu’il s’était déjà opérer lui-même ? Bien, on s’en fiche. Il la vit enfin, il n’a pas sourit, juste chercher son regard. De ses yeux pertinents, le chirurgien BlackJack cherchait a attirer son attention, douce mélodie de la médecine, et du cœur aussi.

C’est marrant comme la nature est bien faite. Je suis mort mais en vie. Mais ça, tous le monde pense le contraire.

Viens a moi, jolie sucrerie acidulée, ne m’oblige a t’approcher, je ne veux pas faire du mal a ton jolie visage… Morgana…

Morgana sentait l’ivresse de la mélodie entrer dans ses veines. Son souffle s’était fait plus court, plus saccadé alors que les immenses poumons d’or expirait le son puissant. Elle ne voyait plus rien autour, plus rien ne lui importait. Elle n’entendait même plus ses dames l’appeler. Pourquoi l’appellerait-on? Ah oui, il y avait un homme qui attendait à la porte. La danse endiablée continuait, s’accentuait, devenait plus intense pour se terminer majestueusement. La salle semblait pleine de son, comme si bientôt, la salle allait exploser sous la puissance de ces immenses poumons. Les dernières notes résonnèrent dans la pièce et semblait se persécuter sur tous les murs pour rebondir dans l’air. Il y eu un moment de silence. Morgana se sentait observée et ce sentiment d’admiration de ses dames lui plaisait...ohhhh oui.... Et combien! Lucifer avait refermé ses ailes autour d’elle durant un court moment, mais un moment de plaisir qui ne pouvait être comparable.

Un clappement de mains se fit entendre. Les deux dames du bas l’applaudirent chaudement. La reine se releva puis regarda de l’autre côté de la balustrade, sous elle. C’est à ce moment qu’elle vit l’homme là, planté devant la porte.
«Oh! Un visiteur!»
Avait-elle dit en étirant un sourire où une rangée de dents blanches vint illuminer son visage. Elle se retourna, laissant voir cet immense dessin de poisson dans son dos. Elle se dirigea rapidement vers les escaliers et descendit de ce balcon où elle jouait un instant plus tôt. Le son de ses pas étaient étouffé par le tapis qui recouvrait chaque marches. Enfin en bas, on pu l’apercevoir. Deux jambes fines, effilées fermes se présentaient devant chaque pas. Une traîne cachait l’arrière de ses jambes et donnait, de l’avant, un arrière fond, rappelant qui elle était. Son corset tenait une poitrine en pleine santé. La reine s’avança puis s’arrêta sur le long tapis rouge qui accueillait quelconque invité à pénétrer dans la salle du trône. Une distance raisonnable les séparait, elle n’allait pas non plus se jeter dans les bras du premier venu dès le premier instant! Elle n’était pas si naïve que ça....Quoi que...

J’aurais aimé être aveugle pour ne pas te regarder.

Le chirurgien venait d’arriver dans cet immense château qui l’étouffait. Il se sentait mal. Un haut le cœur montait déjà alors qu’il l’étouffa en un sourire froid et a peine visible. C’est alors qu’il l’aperçut au loin, s’avançant vers lui. Il ne bougeait pas, restant devant elle, le manque de vent faisant s’éloigner sa cape qui flottait telle une ombre dans cette superbe dimension mise sur pause, l’esprit mécanisme relie au … cœur ? Quelle étrange coïncidence. Trop de cœurs ici. BlackJack eut une once de dégout en voyant une image de cœur ouvert, les ventricules ensanglantées.

Un cœur ? Tu aimes ça n’est-ce pas ?
Il avança d’un pas, observant ses cheveux, ses habits. Ses formes apparaissaient parfaites. De son âme de médecin, il ne pouvait s’empêcher de l’observer dans les moindres recoins, cherchant l’anomalie. A part un rhume qui se préparait, rien. Il toussa un peu comme si, par pur psychose, il l’avait attraper. Le cerveau est si complexe.

- Oui. Enfin, détrompez vous, je ne suis pas là pour visiter. »

Il ne s’inclina pas, restant de marbre, emmitouflé dans sa froideur, et son cafard. Un petit cafard ? ~ Petite bête si misérable, chassé et écrasé par la chaussure dominante de l’homme fier. Le docteur levait la tête à quelques moments pour observer des détails de la décoration. Les petits cœurs et le rose le faisaient frissonner tandis qu’il se tourna vers la reine.

- Ma … majesté …

Il toussa.

- Je suis médecin. Et … on m’a fait appel sans me dire la raison. Seriez vous malade sans que je puisse le deviner ?

Serais tu du genre a passer au rouge sans attendre le vert ?

BlackJack sourit avant d’avancer un peu plus vers le milieu de la pièce, sa mallette noir se frottant a sa cuisse. Un petit vent parcouru soudain la pièce. Il faisait froid. Ou l’inverse. Ses cheveux bicolore gigotaient péniblement et se faufilaient devant ses yeux, ce qui l’agaça fortement. Il se retourna vers sa majesté pour être a nouveau face a elle. Et d’un sourire plutôt inhabituel, il s’adressa une dernière fois à Morgana.

- Excusez cette question … impertinente mais … aimez vous votre visage ?

Lui, il l’aimait. Mais … il ne faisait que son travail. Ses scalpels se faisaient déjà la guerre, impatience interminable, passion éborgnée par la lassitude. Cœur rongé par le regret et le bonheur soumis par cette laideur qui en fait fuir plus d’un.

My queen. Do you want to be the most beautiful of the Queen ?
Trop d’acide tue l’acide.

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