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 Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado]

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MessageSujet: Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado]   Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado] HorlogeoMar 9 Nov - 15:00

TABLE DES MATIÈRES


Il étais une fois... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1



ALISS ou « La vie est ailleurs »
et autres vérités troublantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7



VERRUE ou Plus longtemps durera le cocon,
plus beau sera le papillon. . . . . . . . . . . . . . . . . . .37


LES INVITES DU PARTY ou Les effets paranoïdes de la masturbation sur la voyeuse néophyte. . . . . . . . .87



Je marche sur une longue route... . . . . . . . . . . . 129



CHARLES ou Tourments d'un mathématicien chercheur de rêves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131



MIROIR (1). . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157



ANDROMAQUE ou Amertume d'une pute littéraire en attente d'un second couronnement . . . 173




CHESS ou L'insoutenable légèreté du junkie hilare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239



CHAIR ET BONE ou La torture, en tant que
quête métaphysique, commence toujours
par un thé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299



Je suis assise sur une branche... . . . . . . . . . . . . . . . . . . 329



MIROIR (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331



LA REINE ROUGE ou Partouze monarchique pour sujet fidèles. . . . . . . . . . . . .353



La route est libre... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399



MIROIR (3). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .401



MICKEY ET MINNIE ou Pour en finir une fois
pour toutes avec l'enseignement
de la littérature. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 451



Je tombe toujours dans le vide... . . . . . . . . . . . . . . . . 483



Tous ou Verdict unanime d'une Cour
impartialement amorale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .485



Alice ou « There's no place like home» et autre vérités troublantes. . . . . . . . . . . . . . . . . .517



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MessageSujet: Re: Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado]   Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado] HorlogeoMar 9 Nov - 15:15

I want to know everything
i want to be everywhere
I want to fuck everyone in the world
I want to do something that matter
Nine Inch Nails


Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts.
Baudelaire



Je le crois parce que c'est absurde.
Tertullien



Roum dum dum wa la dou,
C'est le temps des vacances !
popularisé par Pierre Lalonde.
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MessageSujet: Chapitre I : Il étais une fois...   Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado] HorlogeoMar 9 Nov - 16:33

Il était une fois ...





HÉLÈNE RIVARD, la mère :Si je suis fière de ma fille ? Et comment donc ! Alice a tout pour nous rendre heureux. Marc et moi. Elle est brillante, a de très bonnes notes à l'école... C'est une des meilleurs élèves du cégep, vous savez ! Je ne peux rien demander de plus. C'est vrai que, depuis environ un an, elle est un peu plus distante mais... C'est normal, elle a dis-sept ans, bientôt dix-huit, c'est l'age de la contestation, de l'indépendance, et tout ça. J'ai des amies qui ont des enfants de cet âge, et leur crise d'adolescence est beaucoup plus difficile ! Ils découchent souvent, prennent de la drogue, manquent de respect envers leurs parents... Alice n'est pas comme ça. Quand elle découche, elle nous prévient... Bon, elle sort moins avec nous qu'avant, elle fuit plus la maison, nous avons parfois quelques engueulades, mais... C'est tout, rien de grave. Elle continue à avoir de bonnes notes à l'école et à fréquenter des amies très corrects. Et je suis sûre qu'elle ne prends pas de drogue. Je ne suis pas naïve, quand même : l'autre soir, elle est rentrée d'un party et, de toute évidence, elle avait bu un peu plus qu'il est raisonnable de le faire. mais on a tous fait ça à l'occasion, non ?... Honnêtement, la petite crise d'adolescence de mon Alice me semble très, très raisonnable, et j'en remercie le Ciel.

MARC RIVARD, le père :

C'est vrai qu'elle fait son indépendante depuis quelque temps, mais ça me fait plus rire qu'autre chose. La seule affaire qui m'inquiète un peu c'est que je crois qu'elle... heu... je crois qu'elle a commencé à coucher avec Julien, son petit ami. Ma femme me dit qu'elle prend la pilule et qu'Alice est responsable... par rapport aux maladies, vous savez... Je ne le connais pas beaucoup, ce Julien, moi... Mais il a l'air correct.Il va au cégep aussi. Il est en sciences pures, comme Alice. Bon ! Je dois être un peu trop protecteur ! (rires) J'imagine que dix-sept ans, c'est l'âge auquel les jeunes commencent à faire ça aujourd'hui... J'essaie de lui en parler, mais elle me dit que je comprendrais pas. Ho! Elle ne me dit pas ça en criant, ni de façon méprisante, non, non, mais quand même... Il y a une plus grande distance qu'avant c'est tout. Je ne lui en veux pas, remarquez bien. Quand on est ado hein ?

JULIEN GIROUARD, le petit ami :

Je la connais juste depuis cet automne. Je l'ai remarquée assez vite. Un, parce qu'elle est super belle (rires), et deux, elle est ben brillante. Elle participait beaucoup au cours, posait des questions, et deux, elle est ben brillante. Elle participait beaucoup au cours, posait des questions intéressantes, des interventions ben bright. C'est une des seules élèves que je connaisse qui aime vraiment les cours de français : la littérature des siècles passés, les tragédies antiques... C'est pas tout le monde qui s'intéresse à ça ! J'étais dans le même cours de philo qu'elle. Normalement, tout le monde dors pendant ce cours-là mais pas elle ! Quand elle était pas d'accord avec le prof, elle le disait clairement. Le genre de fille qui a pas peur de s'affirmer. Rebelle, mais pas conne. On s'est parlé durant le party de mi-session pis... on sort ensemble depuis ce temps-là. Ça fait presque deux mois. C'est une fille studieuse, qui vient d'une famille riche, mais elle est pas straight pour autant... Pus cultivée ! Elle lit beaucoup, écoute toutes sortes de musiques, toutes sortes de films... même des films européens ! Elle m'épate pas mal... Côté sexe ?... Ben... Elle a accepté très rapidement de coucher avec moi, pis dans le lit, elle est pas mal déniaisé, mettons. Franchement , elle m'en a même appris ! (rire gêné) Je sais que je suis pas mais c'est pas une « agace », ni une fille facile qui baise avec n'importe qui ! Elle a trop de caractère ! Pis personne oserait la traiter de « guidoune »! C'est juste une fille... déniaisée. Qui aime explorer, essayer. C'est vrai que c'est pas tout le monde qui l'aime, elle... La drogue ? Rien d'inquiétant. elle prends du hasch de temps en temps, du pot... Quand elle est gelée, elle parle beaucoup pis elle raconte des drôles d'affaires. Par exemple, elle dit qu'elle est en train de se limiter, dans cette petite vie tranquille. Qu'elle doit défoncer les murs qui l'entourent. Des affaires de même. Ça me fait rire. Je l'aime ben, je pense.

MÉLANIE BOUDRAULT, la grande amie :

Elle a beaucoup d'amis, mais c'est pas tout le monde qui l'aime. Il y en a qui la trouvent un peu trop directe, mais koudon... C'est vrai qu'elle est difficile, des fois. Au secondaire, elle pétait des scores, mais combien de fois les profs l'ont envoyée chez le directeur parce qu'elle était une tête forte ? Le directeur de l'école était ben embêté : pas facile de punir une étudiante qui a 95 pour cent de moyenne générale ! Y'en a aussi qui la trouvent un peu trop... audacieuse. Mais le monde de Brossard, c'est straight ! C'est sûr que ses parents sûrement une crise cardiaque s'ils savaient qu'elle prend de la dope pis qu'elle a baisé avec cinq ou six gars, eux qui pensent qu'Alice est un ange ! Mais ça enlève pas qu'elle est une bonne fille et qu'elle adore ses parent... Moi aussi, des fois, je trouve qu'elle y va fort, mais je la respecte tellement ! Elle est super intelligente ! Une contestataire qui va aller loin, je suis sûre.

LAURENT LEVY, le professeur de philosophie :

Comme beaucoup d'adolescents brillants, elle est encore pleine de contradictions et son côté contestataire peut paraître par moment puéril. Par exemple, nous avons étudié un texte de Nietzsche, l'autre jour, un texte dans lequel l'auteur dit qu'il faut arrêter de diviser les choses en « bien » et en « mal ». Ça fait toujours réagir les étudiants, vous pensez bien, parce que plusieurs ont l'impression que Nietzsche veut abolir toute forme morale, ce qui les scandalise. Nietzsche a été tellement incompris ! Les nazis, entre autres, ont récupéré sa pensée et l'ont complètement déformée ! Mais je m'égare... Alice, donc, a été très impressionnée par ce texte. Elle était d'accord et s'est mise 0 dire qu'en effet la morale était un obstacle à la liberté, qu'il fallait faire dans la vie tout ce qui nous passait par la tête et que Nietzsche avait bien raison. Elle était vraiment exaltée. Je lui ai expliqué que la pensée du philosophe était un peu plus compliquée, mais elle ne voulait rien entendre. elle venait Manifestement de découvrir cet auteur et, dans l'enthousiasme, était convaincu de bien le comprendre après avoir lu seulement quelques ligne de lui. C'est ça, Alice : une passionnée brillante et curieuse mais trop impulsive et, avouons-le, un peu naïve. Le plus drôle, c'est qu'elle se contredit ! Une semaine après avoir lu ce texte, nous avons parlé de certains problèmes ethniques, comme l'euthanasie. Et là, Alice s'opposait à cette pratique, affirmant que nous n'avions pas le droit moral d'enlever la vie à quelqu'un. Le droit « moral » ! Assez contradictoire non ? (rires) Je lui ai fait remarquer cette contradiction ; elle ne m'a pas trouvé drôle, évidemment. Peu importe ces paradoxes, au fond... Pour l''instant, elle est tiraillée par des extrêmes, elle réfléchit à tout ça, se pose des questions, se contredit... À son âge, c'est une preuve d'intelligence. J'aime bien les étudiants qui se contredisent, qui maîtrisent mal les concepts mais qui au moins sont curieux intellectuellement. En tout cas, Ils sont plus intéressant que ceux qui vienne à tous mes cours, qui font des travaux sans véritable point de vue personnel et qui croient qu'un film comme Forrest Gump est une réflexion profonde sur le sens de la vie (rires) ...

MELANIE BOUDRAULT :

Il y a dix jours, au party de fin d'année, je lui ai demandé comme elle avait trouvé notre première année de cégep. Elle m'a dit : « Faut aller au bout de soi, Mélanie. faut briser les conventions, sortir de l'ordinaire et des chemins tracés d'avance. Pis c'est pas en restant ici que ça va arriver ! » Quand elle parle de même, je sais pas trop ce qu'elle veut dire. Je lui ai demandé si elle voulait quitter Brossard, lâcher l'école. Elle m'a pas répondu. Elle aime l'école, elle aime sa famille, mais en même temps... Elle est un peu mêlée je pense.

LAURENT LEVY :


Alice est une fille très intelligente qui n'a pas encore le parfait contrôle de sa pensée. Sauf que, contrairement à plusieurs qui sont dans la même situation, elle va prendre les moyens pour trouver une réponse solide, pour se trouver elle-même. Je n'en doute pas un instant.


Dernière édition par «Demyx» le Mer 10 Nov - 0:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado]   Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado] HorlogeoMer 10 Nov - 0:25

ALISS
ou
« La vie est ailleurs » et autres vérités troublantes.



Notre conte, comme il se doit, s'ouvre sur une situation initiale en apparence équilibrée : c'est le mois de mai, le soleil brille et la journée s'annonce parfaite. Mais si on y regarde de plus près, nous constaterons que notre héroïne Alice a déjà pris une décision qui est venue briser cet équilibre et qui va amener de grands changements dans sa vie. De quelle décision s'agit-il donc ? Approche, ami lecteur, approche ! Alice est là, dans cette voiture... Allons la retrouver ! L'aventure commence !




Je traverse le pont.
Drôle de feeling. Pas d'emprunter le pont de Jacques-Cartier comme tel (je l'ai quand même fait une centaine de fois), mais de le traverser en sachant que je ne le reprendrai plus. Pas avant un bon bout de temps, en tout cas. Le fleuve Saint-Laurent, les poutres de métal toutes rouillées, la tour de Radio-Canada, la grosse enseigne de Molson, les buildings du centre-ville.. Je les ai jamais regardés avec autant d'attention.

- Je te laisse où la, grande ?.

- N'importe où.

Première fois que je fais du pouce, aussi.Mes parents seraient pas content. De toute façon, ils sont pas contents en ce moment même. Je leur ai annoncé là grande nouvelle. Depuis deux semaines ma décision est prise, mais j'ai attendu la fin des cours. En fait, j'ai surtout attendu aujourd'hui, le 25 mai, jour de ma fête. Le jour de mes dix-huit ans. Symboliquement, je trouvais ça intéressant. En plus, c'est l'an 2000. Dix-huit ans en l'an 2000 : c'est pas un hasard. C'est un signe. Une preuve que je prends la bonne décision.

Au moment ou ils me demandaient à quel restau j'avais le goût d'aller pour ma fête, je leur ai balancé la bombe. Papa, maman, je retourne pas au cégep en août. Pis je vais aller rester en appart a Montréal.

Ils m'ont pas crue. Ils pensaient que je blaguais. Ah, ah, sacrée Alice, une vraie comique. Ils ont pas ri longtemps. Ils ont fini par réaliser que je niaisais pas.

C'est là que les cris ont commencé. Pas les miens, les leurs. Fallait s'y attendre. Je suis restée calme presque tout le long. J'ai même essayé de leur expliquer. Je dis bien « essayé », parce que, honnêtement, c'est pas super clair pour moi non plus. Je leur ai dit que je me posais plein de questions, depuis quelque temps, que je réfléchissais beaucoup. Ils l'avaient sûrement remarqué, non ? Je leur ai dit que je les aimais, que j'aimais mes amis, qui j'haïssais pas non plus la vie que je menais, mais...

- Mais quoi ? a tonné mon père. C'est quoi d'abord, le problème ?

Papa qui jouait les gros méchants, qui voulait me faire peur. Mais il était vraiment déconcerté, je le voyais bien. J'ai continué à rester calme. J'ai répond qu'il fallait que je connaisse autre chose. Parce qu'il y a d'autres choses, je le sais. D'autres possibilités de vie, d'autres moyens d'envisager l"existence. Je veux expérimenter l'ailleurs, aller au bout de moi-même. Qu'est ce qui existe à l'extérieur de la famille, des amis et de l'école ? Et surtout, qu'est-ce qui existe en dehors des conventions ? En dehors des règles ? En dehors du conformisme ? En quoi cette vie est meilleure qu'une autre ? En quoi cette ligne droite que nous nous efforçons de suivre est plus pertinente ou intéressant qu'une ligne sinueuse ? Là, j'ai vu qu'ils comprenaient pas trop, que je les perdais un peu... J'ai changé de cap et je suis redevenue terre à terre :

- Peut-être que j'aimerai pas ça, peut-être que je vais me planter, mais il faut au moins que je le sache, que je l'essaie, que je l'expérimente. Sinon, je vais vivre le restant de ma vie sans savoir. Pis ça, je peux pas. Vous me connaissez je suis trop curieuse, trop affamée de tout... Je vais aller essayer. C'est tout !

Ç'a été le tour de ma mère. Elle, ce n'est pas la colère, son atout. C'est la déception. La désillusion. Les hochements de tête, l'affaissement sur une chaise, le visage entre les mains, toute la panoplie, quoi. Mais dans son cas aussi, c'était honnête. Je le sentais.

- Je ne te reconnais plus, Alice, qu'est-ce qui t'arrive ? Abandonner tes études !

J'ai rectifié. Je n'abandonne pas, je fais une pause pour voir. Pour essayer autre chose. J'y retournerai peut-être, on verra. Cela n'a pas réconforté maman du tout. Mais tu vas vivre de quoi, Alice, à Montréal ? T'inquiète pas, maman, je vais me trouver un boulot. Mais pourquoi, pourquoi, Alice, faire une telle folie ? Tu cherches quoi, au juste ? Je le sais pas, maman. Je le sais pas, mais je veux chercher, je veux essayer, point final. Pis si je me suis trompée, je vais revenir ! C'est tout !

Les larmes ont commencé à monter aux yeux de ma mère. Mon père s'approchait de plus en plus du point d'ébullition. En silence, il tournait en round. Ça me faisait vraiment de la peine de les mettre dans un tel état, de les décevoir ainsi. Jamais ils n'avaient pensé que je prendrais une telle décision. Ils ne me reconnaissaient tout simplement plus. Mais peut-être m'avaient-ils toujours connu en surface, aussi... S'ils savaient tout ce que j'ai déjà fait... Des choses dont ils ne se doutent même pas....

La grosse voix s'est de nouveau élevée. Seulement cinq mots :

- Il n'en est pas question !

Mots absurdes, grotesques. Les mots de la loi. Et moi, la petite fille sage, j'avais toujours, en apparence du moins, respecté cette loi. C'est fini, ça. J'ai dix-huit ans, papa, tu peux plus rien m'interdire, maintenant. Je suis une adulte, je fais ce que je veux. Je ne voulais pas vous demander la permission, je voulais juste vous prévenir, c'est tout. Je me donne deux semaines pour me trouver un appart et une job à Montréal, ensuite je pars. Avec votre bénédiction, ce serait formidable, mais elle n'est pas indispensable.

- Écoute, la grande, moi, je m'en vais sur Rachel, ensuite sur Saint-Denis, jusqu'à Jean-Talon... Tu restes avec moi jusque-là ou je te dépose avant ?

Très court moment de réflexion.

- Je vais... je vais descendre sur Saint-Denis...

Quelle différence, puisque je n'ai aucune idée où je vais ? Parce que je suis partie pas mal plus tôt que je l'avais planifié, finalement. C'est ça le problème : t'as beau tout planifier, ça arrive jamais tout à fait comme tu l'attendais. J'avais peut-être prévu la tristesse de mes parents, leur incompréhension, mais j'ai jamais pensé que mon père irait jusque-là...

- Écoute-moi, Alice, et écoute-moi bien ! Si tu renonces pas immédiatement à cette folie, c'est pas dans deux semaines que tu t'en vas, c'est tout de suite !

Ca m'a sciée ! Papa me connaît pourtant assez pour savoir qu'on menace pas une fille orgueilleuse comme moi-même en personne ! Très bien, parfait ! Mon calme et ma tristesse se sont évaporés d'un seul coup. j'ai pas réfléchi j'ai crié je sais pas quoi et je suis allée préparer une petite valise. Vraiment petit. Là c'est devenu vraiment caricatural. Mon père qui me menaçait, ma mère qui pleurait et qui me suppliait de réfléchir, et moi, en beau maudit, insultée, blessée, qui faisais ma valise en leur criant des affaires du genre : « Je me doutais que vous comprendriez pas, mais jamais que vous me menaceriez de même ! » ou « Ce que tu viens de me dire là, p'pa, ça démontre à quel point j'ai raison de vouloir aller voir ailleurs ! », et autres grandes phrases dignes du pire des mélos.
Sur le seuil de la porte, ma mère m'a importée une dernière fois. Elle, je l'ai embrassée. Mon père, je l'ai regardé et, malgré le ressentiment que j'éprouvais, je lui ai dit assez calmement, mais assez froidement aussi :

- Si je me suis trompée, je vais revenir !

- Si tu t'en vas, tu ne reviens pas !

Criss d'orgueilleux ! Je retiens pas des voisins, c'est clair ! Je le sais qu'il le pensait pas vraiment que c'était une façon désespérée d'essayer de me retenir, mais c'était la pire chose à me dire. Je suis partie sans ajouter un mot. Sans le savoir, mon père venait de me donner la plus grande motivation pour partir.

Et voilà. Ça fait même pas trois quarts d'heure de ça. Je suis restée pompée tout le long. Pompée quand j'ai commencé à faire du pouce. Pompée quand le gars m'a embarquée. Pompée quand on a roulé sur Taschereau. J'ai commencé à me calmer sur le pont Jacques-Cartier. Maintenant, rue Saint-Denis, j'ai repris le contrôle de mon moi même en personne.... Je réalise ce qui vient de se passer... pis j'en reviens pas.

- Ici, ça va ?

- C'est parfait.

Je descends avec ma petite valise, remercie le gars.
Je regarde autour de moi. Me voici à Montréal. Pour de bon. À part mes parents, personne ne le sait. À la vitesse ou je suis partie, j'ai pas pu avertir personne. Ni Mélanie, ni Julien, ni personne. Dire qu'il y a un party organisé pour ma fête, ce soir, chez Julien ! Hé ben ! Ils vont être surpris !

Faudrait que j'appelle Julien, pour le prévenir. Ou Mélanie. Mais j'ai pas envie. Appeler, expliquer, justifier... M'en sens pas capable... Plus tard. Quand je serai installée....
Installée !
Il est quatre heures de l'après-midi. Je suis lâchée lousse à Montréal. Sans appart, sans job.

L'angoisse. La vraie.

Tellement angoissée qu'une idée me fait de l'œil, sournoise : retourner à la maison, tout de suite. Après tout, j'étais pas malheureuse, à Brossard. Un peu limitée, mais pas malheureuse. J'ai un bel avenir devant moi ! J'ai ...

J'oblige cette partie de moi à se taire immédiatement. Heille, tu voulais venir à Montréal, ça fait même pas cinq minutes que t'es arrivée pis tu veux retourner chez papa et maman ?

Je pense alors à Laurent Lévy, mon prof de philo. Qu'est ce qui me prends de penser à cet épais-là ? Je le revois très bien avec son petit sourire condescendant, son air chiant qui voulait dire : Tu es encore mêlée, Alice, mais en vieillissant, tu comprendras... Je suis pas mêlée pantoute ! C'est lui qui comprend pas, ou qui ne comprend plus : Il a déjà été jeune, lui aussi, il a sûrement déjà voulu conquérir le monde, mais là, il a vieilli, il a une job permanente et quand il tombe sur des jeunes qui lui rappellent sa propre jeunesse, il camoufle sa désillusion sous un air supérieur et ironique ! S'il était au courant de ce que je suis en train de faire, je suis sûre qu'il dirait à mes parents : Inquiétez-vous pas, c'est une petite crise temporaire, la rébellion normale d'une jeune fille brillante qui ne comprend pas encore tout... Ben va chier, Laurent Lévy ! Va chier, pseudo-intello qui n'ose plus !

Je m'efforce de me calmer. OK, c'est vrai : je suis seule et démunie, pas préparée ni rien. Mais je suis brillante, débrouillarde, et j'ai pas mal d'économies quand même... Au fond, le défi n'en sera que plus grand, plus intéressant ! Si je retournais chez moi maintenant, je ne m'en irais plus, après. J'aurais plus le courage, je suis sûre. Juste à imaginer le sourire victorieux de mon père ! Et ma mère qui dirait : « C'est bien, Alice, c'est une sage décision ! »

Sage décision ! Heille ! Je veux plus être sage, justement !

Je prends ma valise et me mets en marche en observant les piétons que je croise cette faune montréalaise si diversifiée que j'ai toujours tellement aimée !

Trois mois. Je me donne trois mois pour essayer. Pour essayer un autre genre de vie. Si ça foire, si je suis malheureuse, si je pas capable, je retournerai chez mes parents. Malgré ce qu'a dit mon père, je le sais qu'ils me reprendraient...

Essayer, au moins...
Alors voilà, tant qu'à me lancer un défi, je me le lance jusqu'au bout : je trouve un appart aujourd'hui même. N'importe lequel Seules restrictions : ça doit être un 3 1/2, pas trop cher, et le proprio doit accepter de me signer un bail de trois mois. Le premier que je vois qui fait mon affaire, je le prends. Ensuite, je me trouve une job ( je voudrais quand même pas trop entamer mes économies à la banque). J'essaie ça pendant trois mois, et après, on verra.

L'aventure, quoi.
Excellent décision. Je souris en marchant. Je sais pas où je vais, mais j'y vais.


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MessageSujet: Re: Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado]   Aliss de Patrick Sénécal [500 Pages !! En cours][ Ero-Sado] HorlogeoVen 12 Nov - 6:04

Faudrait peut-être que je pense à un endroit précis pour entreprendre mes recherches.

Pas très loin devant moi, je reconnais Sainte-Catherine. Au coin des punks, des skins. Les « jeunes de la rue », comme on les appelle à Enjeux et autres émissions très, très sérieuses.

Mains tendues qui quêtent des sous aux passants.

- Un p'tit peu de monnaie, s'il vous plait...

Il y en a un qui est même insistant :

- S'il vous plaît, monsieur, donne-moi un peu de change. Envoye donc, juste trente sous !

Je m'arrête et les observe un moment. Eux aussi, quand ils sont partis de leur maison, ils devaient avoir une soif d'absolu. Sauf qu'ils n'ont pas compris. C'est ça. Je veux dire oui à tout, sauf à l'inertie. Celle du corps comme celle de l'esprit.

Un homme passe rapidement devant les jeunes. Trois mains se tendent.

- Un p'tit peu de change, monsieur ?

L'homme s'arrête, les regarde, hésite à repartir. Il finit par sortir son portefeuille avec empressement. Kling ! les trois paires d'yeux s'allument comme des phares de voiture. L'homme tend un billet, sans viser un jeu en particulier. Le monsieur a pas l'air riche, pourtant. Vêtements vieillots, usées, qui ont sûrement déjà été beaux mais qui ont accumulé pas mal de millage.

Une âme charitable, j'imagine. Une bonne conscience.

Le billet est avalé par une main. Remerciements mous. L'homme se remet en marche, deux fois plus vite que tout à l'heure. Je le suis des yeux, machinalement. Il aligne distraitement son portefeuille vers la poche de son pantalon et ziip ! Par terre, le porte-feuille !

Le gars continue à marcher. Rien vu.

Quelques piétons passent près du portefeuille mais personne ne le remarque. L'homme s'éloigne de plus en plus.

Je vais ramasser le portefeuille. Une cinquantaine de piastres à l'intérieur. Là-bas, le monsieur est en train de traverser Saint-Denis. Sans réfléchir, le portefeuille d'une main et ma valise de l'autre, je m'élance à sa suite...

En même temps, la voix de mon prof de philo revient résonner dans ma tête.

Pourquoi tu ne gardes pas l'argent, Alice ?

Hein ? Mais voyons, parce que c'est pas correct, c'est pas le mien ! Il faut que je le lui remette.

Je vois. Tu respectes donc une convention sociale et morale, en l'occurrence l'honnêteté...


C'est quoi, ça, de l'ironie ? Fais de l'air, Laurent Lévy ! T'es plus mon prof, fait que disparais de ma conscience ! Là-dessus, je saisis un revolver virtuel et lui loge une balle dans la tête. Tiens. Je vais enfin avoir la paix.

Le monsieur est rendu de l'autre côté. Il se dirige vers une entrée du métro Berri, au pas de course. Je veux bien lui redonner son portefeuille, mais qu'il m'aide un peu ! J'ai une valise, moi, en plus !

Le temps que je traverse la rue, mon monsieur est rendu de l'autre côté. Sûrement dans le métro. Je prends le même chemin que lui, descends l'escalier roulant. Je marche rapidement dans un corridor souterrain tapissé de pubs, repli de gens. Au loin, je vois enfin mon monsieur, en train de payer son billet de guichet. J'accélère le pas, lui lance même un « Hé, monsieur ! » pourtant retentissant, mais l'autre n'entend que dalle. Quand j'arrive au guichet, il a déjà traversé le tourniquet et descend vers le quai.

Ben, tant pis ! je paierai pas un ticket de métro pour aller lui redonner son portefeuille certain ! Y a une limite !

Quand même, cinquante piastres... Il risque d'être ben malheureux quand il va se rendre compte qu'il ne les a plus... En plus, il a vraiment pas l'air riche...

Hésitation, hésitation, quand tu nous tiens...

Je paie donc pour un billet, traverse le tourniquet et descends à mon tour vers le quai. De toute façon, il aurait fallu que je prenne le métro à n moment donné, non ?

Le métro arrive. Je cherche mon monsieur des yeux. Là-bas, il entre dans un wagon. Vite, vite, je m'élance, je me propulse, je me fusée-à-réactionne vers le wagon et réussis à me glisser entre les portes coulissantes à demi coulissées, exactement comme Indiana Jones.

Je dépose ma valise sur le plancher et ricane de satisfaction, ah, ah, ah ! Quand le monsieur va voir tout ce que j'ai fait ( L'auteur aurait-il fait un faute ? XD ) pour le rattraper, il va peut-être me donner un petit dix dollars en guise de remerciement. On sait jamais...
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