Rester Belle et non pas la bête [PV Alicia♥]

Yukiari avait optée pour les plaines. Quoi de mieux pour avoir la paix? Elle avait errée toute la nuit à la recherche d’une eau où se mirerait son regard et où enfin, Médusa laisserait place à Yukiari. Puis ce fut le tour de trouver un endroit où elle pourrait rester elle-même le plus longtemps. Comme la nuit fut longue! Mais enfin, enfin sa peau d’albâtre pourrait ressentir la chaleur du soleil levant sur sa peau. Enfin, elle pourrait voir ce que les yeux de médusa ne peuvent lui offrir. Enfin... elle aurait un court instant de répit. Elle était là, assise au sommet d’une petite colline, où un arbre semblait s’élever de tous. Elle s’était assise là, les pieds pendant dans le vide. La Séléné laisserait bientôt place à son frère Hélios. Après tout, Yuki était désormais une favorite de Séléné, non? Elle était là prise avec son enchantement, à devoir attendre que la déesse remonte au ciel de sa robe blanche et de ses chevaux, pour qu’elle puisse redevenir elle-même. Elle était une sorte d’Endymion version féminine?

Yu’ voyait de son perchoir l’horizon devenir orangé. Une joie intérieure l’envahissait. Il y avait si longtemps déjà qu’elle n’avait pas ressentie une telle émotion l’envahir. La dernière fois? Elle vous répondrait sûrement le jour où son défunt père fut mort, par sa faute. Faute? Non, grâce à sa bénédiction. Elle eut un rictus, lorsqu’une brise matinale vint caresser son visage. Était-ce réellement le matin? Ou bien la fin de la nuit? Cela importait peu. Les rayons montaient tranquillement, doucement, colorant peu à peu l’horizon, l’herbe verdissait lentement, et les rayons se reflétaient dans l’humidité qui était collée sur la verdure. La vie commençait à s’animer autour. La jeune Philomène avait l’impression qu’elle voyait les couleurs plus vives qu’à l’habitude. Était-ce l’endroit ou alors sa raison lui jouait des tours ou... Non, après tout, n’était-elle pas à Wonderland? Sa longue chevelure de blé semblait vouloir s’envoler au vent. Elle portait une cape noire, pardessus sa robe noire. Celle du cirque, sa tenue de spectacle, celle où le corset serrait sa poitrine et où le jupon était volumineux. Ses yeux d’un bleu profond scrutait l’horizon puis, ses paupières vinrent se refermer. Elle prit une grande respiration de l’air encore frais de la matinée et ressentait chaque parcelles de sa peau se réchauffer au contact des faibles rayons. Elle expira, créant un petit nuage de vapeur. Non, rien, rien ne pourrait la transformer en cet endroit. La belle Yukiari était pour l’être toute la journée.

« Sweet, sweet little princess, where are you going ?

La destination d'une personne est souvent très représentative d'une personne. Par exemple, si quelqu'un va souvent à la piscine, il est clair que l'eau est quelque chose d'important à ses yeux. Si une autre se rend souvent aux fast-foods, c'est que, forcément, elle aime énormément manger ou grignoter n'importe quoi … ou simplement qu'elle a la flemme de cuisiner. Mais … quand une personne n'a pas de lieu prédéfini et qu'elle n'aime pas un endroit plus qu'un autre, on dit quoi d'elle ? C'est dur comme question, n'est-ce pas ? Eh bien je vais faire simple ; on ne dit rien. Car on n'a rien à dire, de toutes façons. En même temps, je suis bizarre, moi. Je ne sais jamais où je vais. Le vent me porte, le vent m'emmène. Il sait où je dois aller. Alors je le laisse me guider à sa guise, du moment que je ne finis pas par valdinguer dans un ravin. Sauf si c'est ainsi que ma vie doit se finir. M'enfin ! Je ne vais pas penser à ça maintenant, si ? Non, finalement. Je ne veux pas me démoraliser pour la journée. Donc on continue sans expression ! Haha, vous croyiez vraiment que je sautillai comme une débile avec un sourire sorti d'on ne sait où ? Mais enfin, ne vous méprenez pas ! Je suis peut-être une psychopathe, totalement folle etc, je ne suis pas pour autant tarée au point de sourire pour rien ! … Pauvres fous …

Enfin bref. Ça ne règle pas mon problème. Ma destination n'était donc pas définie ce jour-là non plus, j'allais donc au gré du vent, comme à mon habitude. Je marchai, lentement, très lentement, cherchant à attendre que le temps s'écoule, pour m'amener la nuit et me permettre de commettre de beaux crimes. Voir beaucoup de sang. Énormément. Oh oui ! Telle psychopathe que je suis, je n'avais envie que de cela. Bien sûr, la nuit n'était pas éternelle, donc, je devais attendre, encore et encore, que ce moment divin arrive. Triste, non ? Mais non, je prenais mon mal en patience, comme d'habitude ! En fait, vous ne vous souciez même pas de cela. Vous vous moquez bien de ma vie. Non ? Oh, que c'est mignon ! Bref !

… And what do you do, sweet and innocent princess ? …

Ce que je fais ? Excellente question, haha. Je me balade, tout simplement. Comment ça, ce n'est pas suffisant ? Vous vous moquez de moi, n'est-ce pas ?! Rah là là … sérieusement ! Enfin, c'est complexe. J'avais quitté mon cocon assez tôt, ce matin, ennuyée par le silence et réveillée tôt par une nuit d'insomnie. J'étais donc partie, en quête de choses à faire et … malheureusement … après avoir traversé une bonne partie de Wonderland (la partie Nord pour être précise), je m'étais aperçue que je m'ennuyais d'autant plus. Donc … oui, j'étais réduite à cela. Je retins un grognement et avançai vers la prairie, seul lieu où je n'étais pas allée. Là-bas, il y avait une femme, debout. Elle était jolie, élancée.

Peut-être me divertirait-elle ? Qui savait ? Bof, tant pis, on verra. Je haussai les épaules et me dirigeai vers elle, un sourire aux lèvres, m'arrêtant à son côté, regardant dans la même direction qu'elle. C'était joli, divertissant.

Belle matinée, n'est-ce pas ?

Je souris, lui tendant la main, avenante.

Je suis Alicia. Enchantée.

… But beware, evil princess ! Don't commit crimes … or you'll be punished ! »

Yukiari ce tenait là. Muette comme une carpe. Le soleil venait réchauffer son corps, ses bras dénudés, son visage, son nez, ses lèvres. Bientôt, ce changement de température créa une légère brume et cette humidité alla se coller à la moindre petite chose vivante qui se trouvait sur son passage. La rosée. Quel étrange phénomène tout de même! Comme si, une pluie invisible venait de balayer le paysage, laissant des diamants éphémères sur tout objet. Un bruit, un frôlement au sol la fit sortir de sa nostalgie. La nostalgie de la bête. La belle regarda un instant la jeune fille qui se trouvait à ses côtés. Blonde, fine. Elle était une Belle, elle aussi. Un léger sourire comme énigmatique apparut sur les lèvres de la jeune dépendante de la lune.
Oui, belle matinée...
Elle était distante, hautaine... Comme Yuki' était loin. Ses pensées divaguaient et revenaient, telle une vague sur la mer. De l'eau. Yuki souhaitait tant pouvoir un jour pouvoir se baigner dans l'eau en une journée ensoleillée. Mais cela lui était interdit à présent. Non, puisque si la Philomène devait voir son reflet alors la bête reviendrait. Le regard encore perdu au loin, ce fut une main invitante qui la ramena sur cet enfer. Elle regarda la main, puis le visage d'Alicia, de son prénom. Les yeux bleus de Yukiari semblaient profonds et sans fin. Ils étaient d'un bleu turquoise qui semblaient être capable de lire dans le fond de l'âme de l'élu qui croisait son regard. Il avait quelque chose d'envoûtant... à en faire peur? Peut-être. Ils étaient si clairs qu'il aurait été possible de croire que son regard s'illuminerait dans le noir.

À son tour, elle tendit une main vers la jeune femme.
"Enchantée, je suis m... Yukiari."
Sa peau était pâle, une légère teinte de beige sur la peau. Un petit vent se leva, faisant virevolter la chevelure de blé de la jeune femme. Oui, Alicia était une magnifique créature. Mais qui était-elle? Que faisait-elle en cet endroit. Savait-elle qu'elle était une créature du cirque? Alors peut-être l'avait-elle suivie jusqu'ici? Non, Yuki ne se donnerait pas en spectacle. Il lui était hors de question. Elle ne voulait pas se transformer en l'hideuse bête. Non pas encore. Elle bissa le regard. Elle avait encore sa tenue de travail. Est-ce qu'Alicia le remarquerait? Non. On dit que les apparences peuvent être trompeuses. Mais la princesse qu'elle semblait être ne pouvait pas cacher la bête, non? Yuki jeta un vif coup d'oeil à la tenue de sa voisine. Non, elle ne voyait pas sur quoi son regard pourrait voir la projection de sa propre apparence. Elle sourit alors de toutes ses dents, blanches. Une grâce émanait de Yuki, était-ce causée par son attitude hautaine? Peut-être.
" Que faites vous en cette heure si matinale?"
Avait-elle demandée avec cette hauteur. Oui, Yuki était hautaine. Mais ainsi était-elle faite. Oui, cette attitude la rendait froide. Mais elle avait tuée Papa après tout... La voix de Yu' était mélodieuse, douce. Malgré tout, cette douceur l'attirait souvent dans certaines situations où elle ne souhaite pas être. Comme sa rencontre au cirque avec cette écervelée. Mais elle s'était surprise à s'être peut-être attachée à cette gamine. Lorsque l'on parvient à percer la coquille qui protège Yuki, on sait que cette froideur et distance est une protection pour elle. Et que la rudesse est sa façon de dire les choses. Car non, elle ne tourne que très rarement autour du pot. Rares sont ses marques d'affections, ce qui en font des gestes encore plus marquants.

« It was a beautiful day … »

Beaucoup de livres commencent comme ça … toujours avec soit des « il était une fois … », soit des « c'était un beau jour … » et la suite qui s'attache à ces expressions. Pourquoi ma vie, à moi, n'a-t-elle pas commencé ainsi ? Pourquoi mon existence, qu'elle soit sur terre ou à Wonderland, était-elle toujours foireuse ? Avais-je mal agi ? Étais-je un monstre assoiffé de sang ou autre chose revenant à faire de moi une cannibale ? D'un coup, tout un amas de doutes vint me pourchasser. Je fus victime d'une poisse inégalable. Alors qu'à côté de moi se trouvait une parfaite inconnue, je commençai à être de nouveau la cible de ma douce folie. Cette petite peste qui gambadait joyeusement dans les prés à se moquer de moi. Cette saloperie de joueuse qui n'avait que faire de la situation et me malmenait avec une joie presque impossible à détruire. Ma belle et tendre démence revenait me hanter.

– Ce que mon esprit déluré aurait pu cracher d'un seul coup. –

Doux, doux petit carillon de la folie, laisses-moi être baignée de ta belle mélodie. Pourquoi, quand je m'approche, doucement, tu me fuies ? As-tu peur de moi ? Es-tu simplement choqué par mon aura ? Pauvre petit carillon, pauvre petit être … Si je te fais peur … alors … pourquoi … ou plutôt comment … OSES-TU TE MOQUER DE MOI ?! Si tu sais que je vais péter mon câble sur ta tête, pourquoi t'amuses-tu à me harceler ?! Quelle est la raison qui te pousse à te foutre de moi sans relâche ?! Veux-tu des coups ? De douces marques sur ta peau inexistante ? Non ? Alors lâches-moi et vas te faire voir ! Cherches quelqu'un d'autre à enquiquiner, je ne sers pas à ça ! Petite folie pourrie, vas ! Pauvre imbécile !

Pourtant, mon cerveau, malgré les apparences, était à fond dans la rencontre, concentrée sur celle-ci, se moquant quelque peu de mes envies et de la folie. Mon regard se détournant lorsque le sien s'y mêla, je finis par contempler l'horizon. Ces belles couleurs peintes par le soleil, ces agréables dégradés que créait l'aube, en un laps de temps très court, suffit à me calmer et me ramener sur terre. Je passai du statut de folle alliée à … humaine docile et « normale ». Évidemment, je n'étais pas ainsi. Ma psychopathie était toujours présente et ne comptait pas me lâcher de si tôt. Soupirant légèrement, je portai mon attention sur les paroles de la demoiselle. Elle disait se prénommer Yukiari. Joli nom, oui … Mais sans plus.

Sa voix imposait de la hauteur entre nous. Je ne fis pas attention à cela. Personne n'était supérieur à qui que ce fût, donc, je ne pensais pas être plus « haute » qu'elle d'une manière ou d'une autre. La laissant dans son « délire mental », je portai mon attention sur ses gestes. On ne faisait jamais attention au loup derrière les buissons. C'était d'ailleurs pour ça qu'il avait bouffé la grand-mère. Elle n'avait pas fait attention, elle ne s'était pas méfié. Malheureusement pour elle, la poisse l'emporta. Mais tout ceci n'est qu'un conte, on sait tous que cela est faux, juste imaginaire.

Son regard sur mes vêtements me fit soupirer derechef. Elle aussi allait me faire une remarque dessus ? Oh, j'espérais que non. J'en avais bien assez. Extravagante, et alors ? Si jamais cela ne vous plait pas, ne me regardez pas. Ma tête est là, en haut de mon corps et … que je sache, elle n'a jamais été vêtue, n'est-ce pas ? M'enfin … bref. Sa tête se relevant, je suivis le mouvement de mes yeux, la regardant sourire. Quoi, encore ?

Apparemment, rien de méchant, juste une question sur le « pourquoi » de ma présence. Ce que je faisais là … sa question était excellente, tout de même. Simple raison : l'ennui. Mais pouvais-je lui cracher, là, comme ça, que j'étais sortie par pur ennui ? Peut-être. Après tout, j'avais toujours agi de manière directe. J'étais franche et je ne changerai pas. Encore moins pour une demoiselle aussi hautaine qu'elle. Mais bon, comme je l'ai déjà dit, je me fichai pas mal de ses manières. L'important était que j'éprouve de l'intérêt à parler avec elle. Que je veuille approfondir les choses. Mais … ce n'était pas réellement gagné.

– Ce que je fais là ? Excellente question, non ? Et vous ? Que faites-vous ici, si tôt ? Pour ma part, c'est juste une bonne dose d'ennui mélangée à une envie de sortir.

Ça, c'était fait. Je n'y étais pas allée par quatre chemins, c'était déjà ça. Mais en plus d'avoir été totalement franche, j'avais également glissé une question dans ma propre réponse. Mais … peut-être serait-elle trop hautaine pour comprendre les manières d'une simple bagarreuse comme moi, qui savait ? Haha, j'm'en fichai pas mal. Tant pis pour sa pauvre poire, si elle ne comprenait pas avec des phrases « simples » car … je n'irais pas chercher plus loin, huhu.

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