Les aubes sont mortes [PV Morgana C.]

"Les aubes sont mortes hier matin
Les aubes sont mortes, tu t’en souviens
Tu te souviens, hier matin
Et depuis, je ne suis plus rien
Un ciel malade, mon caporal
Ca brûle ainsi la cendre aux étoiles
Dis-moi combien tomberont demain
Dis-moi comment elles prennent en main

Elle disait "Viens et tu verras
Qu’ils compteront avec toi"
Elle disait "Viens et tu sauras
Que l’amour n’existe pas"
Elle disait "Viens et tu verras
Qu’ils sont sourds et muets, parfois"
Elle disait "Viens et tu verras
Qu’ils pleurent avec toi"

La pluie qui s’écoule à rebours
C’est comme une peau de chagrin
Les aubes sont mortes sans lendemain
Au côté droit, deux trous toujours
Le sang ruisselle dans ma voix
Dans la boue, au creux de mes doigts
Les aubes sont mortes hier matin
Et le cuir est sale de destin

Elle me disait "Viens et tu sauras
Que l’amour, c’est un peu comme toi"
Elle me disait "Viens et tu sauras
Que ça n’existe pas"
Elle disait "Viens et tu verras
Les lendemains ne chanteront pas"
Elle disait "Viens et tu verras
Qu’ils pleurent avec toi"

Dis, tu te souviens
Que les aubes sont mortes ce matin
Dis, tu te souviens
Combien font deux fois deux, au fond des bois
Le sang a la couleur du sommeil
Et des serpents en bout de dentelles

Elle me disait "Viens, tu verras
Que les lendemains ne chanteront pas"
Elle me disait "Viens et tu verras
Qu’ils comptent avec toi"
Elle me disait "Viens et tu sauras
Que l’amour, ça n’existe pas"
Elle me disait "Viens et tu sauras
Que tu sauras""
Les aubes sont mortes, texte de Chloé Delaume.

Camille s'était une nouvelle fois perdue dans les profondeur du labyrinthe rouge. Il faisait nuit, la lune brillait, et elle s'était allongée à même le sol, ses deux bras nus se rejoignant sous sa nuque. Elle aurait aimé cueillir une fleur pour la porter à sa bouche, mais la menace de ces beautés fatales n'était que trop existante dans son esprit.
De ses grands yeux marrons cernés de noir, elle contemplait l'astre de nuit. Tout était paisible, même si une mélodie naturelle lui parvenait aux oreille.

Toutefois, elle savait bien que sa tranquillité n'était qu'éphémére. Elle affectionait particulièrement cet endroit. Etrange, pour notre anarchiste, non ? Peut-être. Pour elle cet immense jardin était le seul bienfait de la monarchie ambiante.

La jeune fille aux cheveux mauves roula sur le flanc en soupirant. Elle savait bien que ce calme n'était qu'éphémère. Oui, elle venait ici lorsqu'elle n'en pouvait plus de cette vie rythmée par son commerce frauduleux et les violences nocturnes. Elle ne pouvait pas dire que cela lui déplaisait... Mais son corps, tout comme son esprit, se fatiguait bien vite de toute cette agitation...

Alors, environ une fois par semaine, elle venait ici. L'inconvénient, c'est que lorsque quelqu'un débarquait, l'événement lui semblait encore plus hostile qu'ailleurs. On la dérangeait. Non, mademoiselle ne supportait personne dans son utopie fleurie...

La reine venait de quitter son palais afin de s'éloigner le plus qu'il lui était possible de cet endroit. Oh bien sûr qu'elle adorait son nouveau rang.... Pourtant... Pourtant elle aurait tout donnée pour pouvoir voir l'autre côté que ses hautes tours, voir ce qu'elle ne pouvait percevoir. Voir de nouveaux horizons, voir... Elle avait si peut connu la vie de l’extérieur... Elle était à peine sortie des eaux noires et troubles qu’elle s’était retrouvée en cet endroit. Cloîtrée, enfermée, ignorée.... Combien de visiteurs la reine de cœurs avait-elle reçu? Très peu... oui très peu... déjà à son jeune âge elle avait du mal à se souvenir du jour où les autres reines avaient eue des visiteurs ou encore des bals... oh combien rarissimes!

Elle avait donc quittée le château, se sachant très bien surveillée. Elle n’ignorait pas que le Jabberwocky vivait en cet endroit et que quelconque malheur lui arriva, elle n’avait qu’à l’appeler. Elle n’avait amenée avec elle qu’une dague afin de pouvoir couper quelques roses. Vivre dans ce château avait donc quelques avantages! Elle connaissait la technique pour couper ces sublimes fleurs sans mettre en péril sa vie et ne point s’endormir. Un panier de l’autre main, elle s’aventura dans le labyrinthe en cette nuit où la lune brillait déjà haut dans le ciel, lui éclairant le chemin. Morgana recherchait de roses et bien rouges fleurs, laissant les petites et encore délicates, le temps de mûrir et de s’épanouir. Elle s’arrêta alors apercevant une dame, étendue sur le sol. Elle semblait pourtant bien là au sol. Elle s’approcha d’elle, et lui tendit une rose, là, devant ses yeux et silencieusement. Un délicat sourire c’était dessiné sur ses lèvres rouges. Oh oui! Un visiteur, comme elle était heureuse. Elle se demandait toutefois ce qu’elle pouvait faire là.

«Bonsoir Milady, veuillez pardonner mon intrusion dans ce labyrinthe, mais puis-je savoir ce que vous faites en cet endroit à une heure pareille?»

Une silhouette vint gacher le panorama. L'elfette soupira bruyamment et releva le visage vers le visage de ce qui semblait être une demoiselle. Deux grands yeux verts et très légérement maquillés l'observait, alors que des lèvres remuèrent après qu'une rose se soit immiscée entre l'inconnue et Camille.

Cette dernière se redressa, n'ayant pas vraiment compris ce qu'avait dit la demoiselle. Celle aux cheveux mauves s'étira de tout son long, ne laissant échapper qu'un vague râlement. Elle se marmonna quelque peu tout en se relevant dans un geste vif. Là, elle fit face à l'intrue. Elle la regarda de haut, la dévisagea autant qu'elle put, tenta de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas sa place ici, qui qu'elle soit et qu'elle n'était pas la bienvenue. Elle ignora la rose qui lui avait été tendue.

C'est quoi ses manières ? pensa-t-elle. C'est comme l'autre emplumé de Jabberwocky, lui aussi cherchait à m'empoisonner.

Elle continua son observation silencieuse. Elle ne voulait pas savoir qui était ce cafard. Ce n'était qu'une infime grain de poussière dans sa vie, une rencontre inopinée qui ne prendrait jamais d'autre forme. Elle ne poserait pas de question, non, elle n'instaurerait pas le dialogue.

Les aubes sont mortes [PV Morgana C.]

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