Le parc d’attraction! Enfin le voilà qui apparaissait, dans sa grandiosité tout de même un peu glauque. Maëra était si enthousiasmée qu’elle n’en vit que le beau, le magnifique, le magique.

Elle était bouchée bée, tenant toujours la main de Daymon, elle accéléra le rythme afin d’y être déjà exactement tel elle le désirait.
Tout cela lui donnait envie de chanter une chanson de carnaval, et elle ne se retint pas. Ici à Wonderland tout semblait permis, pourquoi aurait-elle encore du se soucier des autres, ça n’avait plus de sens, semblait ne rien pouvoir lui apporter. Chacun vivait pour soi, côtoyant les autres sans réellement s’en soucier, mais elle ne trouvait pas cela si mal. Elle avait trop vécut en s’oubliant, désormais elle serait au centre de ses préoccupations.

La grande roue avait été la première installation à avoir attirée son attention. Ainsi elle remarqua à peine les grilles de fer rouillées qu’ils traversèrent en pénétrant ce lieu encore plus étrange que le labyrinthe. Toutefois, une fois à l’intérieur, elle ne savait plus où donner du regard. Maintenant tout l’interpellait, elle ressentait l’urgence de tout voir, tout découvrir. Déjà elle ne savait plus ou donner de la tête, allant d’un côté puis de l’autre, oubliant presque Daymon. Entendant un bruit différent, elle fut tiré de sa concentration et se retournant vit Daymon.
Elle rougit un peu, elle était venu avec lui, elle devait donc se soucier tout de même un peu de ses désirs.

Tout ici était si fantastique, comment pourrait-elle un jour vouloir repartir?

Plutôt que de répondre à sa question Daymon agit et l’entraina jusqu’à l’entrée de la Roue. Elle fut si comblée qu’il ait été à l’affut de son intérêt et qu’il accepte de répondre à son désir qu’elle voulut l’étreindre. Se retenant un difficilement, elle lui donna une accolade peut-être encore trop affectueuse et énergique.

Ils ne patientèrent que quelques secondes avant de grimper à bord et de pouvoir admirer le temps de huit lentes rotations le merveilleux paysage de Wonderland. Elle se sentait connectée avec Daymon et jetant un rapide regard vers son visage y vit le même étonnement ébahit.

Rien n’attira particulièrement son attention, rien ne lui sembla familier, le labyrinthe se trouvant dans leur dos. Elle n’en fut pas moins heureuse. Maëra aurait souhaité mémoriser une sorte de carte de ce lieu, pour plus aisément si retrouvé plus tard et discipliner sa mémoire qui semblait lui échapper. Toutefois, elle n’avait pas l’esprit à cela, si bien qu’à chaque nouvelle rotation elle avait l’impression de découvrir toujours et encore un paysage différent du précédent.

L’attraction prit fin, elle en descendit comblé et prête à accorder son attention à son partenaire d’activités. Enfin c’est ce qu’elle croyait et désirais.

Daymon semblait souffrir de la faim et l’invita donc à aller goûter. Acceptant avec empressement, elle se sentait subjuguée par son bonheur et sa générosité.
Il lui semblait qu’une éternité était passée depuis la dernière fois qu’elle avait mangée; tellement qu’elle ne ressentait plus la faim en tant que telle. Elle ne déclina pourtant pas l’offre, attirée vers les kiosques alimentaires par les doux effluves enivrants qui ne vous donnait que l’envie de manger, de tout goûter et ce peu importe votre faim.

Impressionnée elle dégusta chaque bouchée qu’il lui fut offert de prendre, elle le fit tout de même à une rapidité effrénée puisque tout était à volonté et que tout l’appelait, tout l’intriguait, tout semblait SI bon…Elle dévora tant et si bien, que lorsqu’elle cessa finalement de manger ce fut puisque plus rien ne pouvait être avalé. Elle sentait que si elle se relevait ce serait pour rouler tant elle était pleine et ballonnée de tous les délices qu’ils venaient de consommer. Non seulement la nourriture ici était-elle délicieuse, elle se présentait sous des formes plus magnifiques les une que les autres. Elle avait finit son repas en croquant à belle dent dans une barbe à papa violette à l’effigie de Daymon.

C’était au tour de Maëra de sembler ivre, parlant, elle riait sans cesse en tanguait sur ses pieds lorsqu’elle tenta de se lever pour remercier celui qui avait tout payé.

Pourquoi refusait-il sa main à présent, qui plus est avec ce sourire si impérial, comme s’il avait une idée derrière la tête, comme s’il était maitre de la situation. Ils allaient pourtant se faire attaquer et par bien plus que deux adversaires…

À son ordre, Maëra commença à reculer, mais de quelques pas seulement. C’était plus la peur des nouveaux hommes arrivés que l’incitation de Daymon qui la faisait agir.

Il l’avait donc manipulée? Cela semblait fort possible, elle s’était sentie si étrange et déconnectée, en était-il vraiment la cause?
Malgré qu’elle fut prête à le croire, elle ne lui en voulait pas le moins du monde. Au contraire, elle ressentait une certaine empathie envers lui qu’elle ne pouvait s’expliquer. Comme si elle comprenait tout ce qu’il était et ressentait, ce qui n’était pourtant pas le cas. Elle avait toutefois l’impression de le sentir troublé, était-ce son imagination ou était-ce avec raison qu’il s’était détourné d’elle. Voulait-il réellement la voir partir ou seulement l’éloigner du danger? Peu importe elle n’allait pas contre eux tous le laisser. Posant son sac elle en sortit sa petite dague juste avant de se rendre compte que ses jupes certainement la gêneraient si elle devait combattre. Elle resta derrière lui sans bouger. Craignant qu’ils attaquent tous en même temps et que Daymon et elle en soient tués; ils n’auraient même pas le temps de faire la paix dans leur amitié.

Alors Maëra l’entendit marmonner, ce qui l’étonna plus encore fut de voir son corps changer, prendre la forme la plus folle, la moins humaines qu’elle eut pu imaginer. Maintenant son corps devenait à l’image de son nom. Des lames à la place des mains, le corps noires aux veines rouges, des cheveux de feu ardent, des yeux sans vie…
Qui était-il finalement? Elle voulut crier à cette vision, pourtant, il restait que c’était Daymon, l’étrange mais gentil garçon qui avait tant prit soin d’elle. Plus elle y pensait, moins elle croyait qu’il s’était servit d’elle. Elle n’avait rien eut à lui apporter, pour qu’elle raison l’aurait-il amené à ce parc d’attraction disant ne pas vouloir rester seul, pourquoi l’aurait-elle sauvé de ces kidnappeur? Pourquoi avait-il abandonné un combat, laisser un homme vivant afin de la rejoindre si désormais il devenait cette machine prête à tuer? Question plus importante encore s’il l’avait manipulée parce qu’il avait besoin d’elle, pourquoi s’était-il sentit si coupable en s’excusant de toutes les difficultés qui leur étaient arrivés?

Comme elle pensait à tout cela, il s’était élancé vers les hommes qui semblèrent un instant hésités sur ce qu’ils devaient faire contre cette créature. Ce fut un très mauvais choix pour eux puisque Daymon les attaqua férocement.

Elle le regardait les larmes aux yeux, triste de la douleur qu’il devait ressentir de porter un si lourd secret, de tous les tourments qui devaient le tourmenter. Elle ne doutait plus du tout qu’il se soit présenté à elle exactement tel il l’était, du moins une partie de lui.

Soudainement, si vite qu’elle ne le vit même pas se déplacé, il s’interposa entre elle et l’homme qu’il avait un peu plus tôt abandonné dans les toilettes. Elle ne comprit pas ce qui s’était passé, mais se sentit comme assommer lorsque Daymon avec sa voix d’outre-tombe se fâcha de la voir toujours là.

lui dit-il. Mais cette accusation ressemblait plutôt à un coup porté à son cœur. Son regard si froid et cruel; s’était-elle trompée sur lui finalement? Complètement perdue elle ne savait plus quoi penser.

Tétanisée, désormais prête à l’écouter pour s’éloigner; voyant son corps métamorphoser elle resta figée. Maëra espérait avoir fuit lorsqu’elle en avait eut la chance. Plus il s’était transformé, plus il avait attaqué, plus ses membres s’étaient liquéfiés, l’empêchant d’agir, d’avoir la moindre volonté. Elle devenait une simple spectatrice impuissante.

Le meurtrier monstre devenu énorme se détourna du massacre pour l’approcher à nouveau. De sa bouche pleine de tentacules sortit :

Elle aurait du l’écouter? Ce n’était donc plus Daymon? Désormais il était trop tard pour fuir cette créature et sa petite dague n’aurait aucune utilité contre cet être suprême. Maëra la laissa donc tomber regardant l’ancien Daymon l’approcher, que pouvait-elle faire, sa vie était en danger, elle ne voulait pas mourir, il lui restait tant à vivre… Elle voulut prendre son sac, derrière lui se cacher, mais n’atteignit que sa flute qui en dépassait. Une flute? Encore moins utile qu’une dague. Cette créature n’ayant plus rien d’humain pourrait-elle réellement être sensible à la musique? Elle tenta malgré tout de jouer quelques notes, mais elles sonnaient faux; notre musicienne était-elle trop effrayée? Laissant également tombée la flute, elle s’agenouilla et comme transportée, se mit à chanter doucement. Si elle devait mourir au moins ce serait en faisant ce qui l’éloignait le plus de la sombre réalité pour la protéger dans son propre monde.

Elle n'avait plus conscience de rien, comme entrée en transe, elle avait prit dans ses mains tremblantes l'étuie de cuir qui partout la suivait. L'ouvrant délicatement elle en sortit son instrument, même si son corps agissait sans que son esprit s'en mèle, les larme lui vinrent aux yeux alors qu'elle prenait presqu'a regret son archet. Posant le coussin sous son menton, elle commença en jouer. Les notes étaient mélancoliques, emplis de tous ses désirs, elles ne venaient pas de la musicienne, elles l'habitaient, la transportait.

Elle fredonna, en cadence avec son instrument, sans paroles: toute l’affection, tous les sentiments qu’elle avait eut pour le garçon prénommé Daymon, revivant le bonheur qu’ils avait partagé. Elle chanta avec son cœur, son âme, les yeux fermés n'ayant plus aucun contact avec ce qui l’entourait. Elle chanta des notes pures et pleines d’amour dan l’espoir de voir le monde plus beau et moins terrifiant. Elle chanta en pensant à quel point elle espérait comprendre l’être s’approchant d’elle, à quel point elle espérait pouvoir le réconforter, à quel point elle voulait qu’il se sente aimé.

Maëra avait donc joué avec toute la passion qu’elle gardait enfouie en son cœur. Elle s’était abandonné à la douleur du passé réveillé, n’ayant eut d’autres choix, elle était redevenue la musicienne qu’elle s’était inconsciemment mise à détester.

Lorsque le Démon l’ayant agrippé au cou l’eut soulevé de terre, une décharge sembla la ramener dans son corps. Daymon au moment même semblait être redevenu lui-même. Quel apparence était le rêve et laquelle la réalité? Le véritable Daymon l’aurait-elle ainsi au dessus du sol tenue? Ces questions avaient peu d’importance puisqu’il redevenait djà le monstre noir qui semblait heureux de la douleur des autres. Prenant conscience de la délicate position dans laquelle elle se trouvait, suffocant, incapable de jouer ou de chanter une seule note de plus, elle cru que sa fin était venue. Refusant de voir la vérité en face, elle décida une fois de plus d’échapper à ce monstre en se réfugiant dans son propre petit univers; où les sons prenaient toute la place, devenant le langage des émotions. Une voix par tous compris, elle pensa, croyant arriver à son dernier souffle, ne plus jamais sentir le doux parfum de la nature, une marche funèbre où l’espoir osait tout de même pointer son nez.

Bien que n’ayant plus de souffle, dans l’effort de chanter pour ignorer la douleur qui envahissait son corps, elle émit de drôles de bruits. Regardant un instant son assaillant, les yeux suppliants, elle constata qu’aux billes noires s’était substitué le doux regard perdu du garçon. La seconde d’après elle était au sol, ses propres mains au cou. Alors que la créature s’était détournée.

Dans sa voix caverneuse il s’adressa à elle comme s’il avait encore été humain.

Elle n’en crut alors pas ses yeux. Malgré tout le sang qu’il venait de faire couler, sa brutalité féroce et sa toute récente envie de la tuer, elle fut choquée de le voir se poignarder. De la blessure que les lames de ses doigts lui avait infligé, le sang se déversait à gros bouillon, la vie s’enfuyait, le monstre disparaissait, s’effaçait pour laisser la place à Daymon agonisant.

Dans un souffle rauque, mourant, son ami prononça ces paroles. Elle en était certaine et en avait désormais la preuve. Il l’avait appréciée et ne l’avait pas manipulée, il désirait uniquement la protéger, et voilà où ça l’avait mené. Une fois de plus confronté au décès d’un être quelle aimait, à cause de la musique qu’elle avait joué, du sang plein les pieds, elle s’effondra. Toujours consciente, elle s’était approchée du corps pour sentir ses dernières chaleurs avant que sa flamme de vie ne vacille complètement.

Des larmes plein les yeux, brouillant sa vision, le corps du bel homme aux cheveux bleu, recroquevillé sur sa blessure au flanc sembla se transformé. Un fantôme du passé venait la hanter. Les cheveux blond, les vêtements de soie brodés, les doigts longs et fin, le sourire désabusé; l’illusion était parfaite, devant elle sa première victime se trouvait.
Pleurant plus encore, ainsi restait telle consciente du moins, elle étreignit les membres mous, inanimés, le futur cadavre a son contact ne réagit pas.

Dans ses dernières énergies, elle chanta une fois de plus pour les deux jeunes hommes perdus. Elle fredonna vertueusement pour le repos de leurs âmes, et siffla pour l’absolution de leurs pêchers.

Totalement épuisée, vidée de toute son énergie, tout son courage pour faire face à une situation si dramatique, elle s’affaissa inanimé sur le corps qu’elle croyait vide de Daymon alors qu’une dernière note pleine d’espoir traversait ses lèvres.

Elle n'eut pas le temps de répondre à Daymon, mais entendit sa voix avec grand soulagement, glissant au sol alors qu'il se redressait.