Le ridicule ne tue pas~ |Yukiari :D|

Postée devant la tente du cirque, un morceau de papier dans la main. Une statue vivante qui venait de faire son apparition ? Peut-être bien.
La nouvelle décoration, qui se prénommait Berry d’ailleurs, était pétrifiée depuis maintenant une bonne vingtaine de minutes. Non non, ce n’était certainement pas un sortilège qui lui avait conféré sa nouvelle option d’objet ornemental.
Berry, donc, se décida enfin à se décoller de la toile qui lui avait servi de support, pour avancer d’une manière mécanique vers l'entrée.

La file d'attente pour le show était, comme d'habitude, trèèès longue. Quoi de plus normal vers cinq heures de l’après-midi, heure où tout le monde décide de sortir pour se promener.

Arrivée à la fin, elle se rappela qu’il était grand temps de donner son billet d'entrée. Elle s’arrêta ainsi brièvement, fouillant dans ses poches afin de mettre la main sur son objet . Sans succès malheureusement.

« Ben ça… J’étais persuadée de l’avoir mis là… J’l’aurais perdu ? Ça me paraît impossible… »

Réfléchissant un millième de seconde sur la localisation de son billet, elle se souvint qu’elle l’avait mit dans sa poche de derrière, et, en toute logique, avança sa main vers ledit emplacement afin de le sortir au grand jour.
Vous savez que c’est toujours à la suite de gestes anodins que les catastrophes se produisent ? Comme le battement d’ailes censé provoquer un ouragan de l’autre côté du globe ? Ce geste là n’y manqua pas.
A peine avait-elle retiré son bout de papier qu'il glissa hors de sa poche.
Tout d’abord sceptique à ce sujet, elle entraperçu la suite de lettres inscrite sur le papier et fit rapidement la connexion. La jeune fille devint blême, puis se lança à la poursuite du vulgaire papelard, poussant et bousculant les gens, comme si sa propre vie dépendait de ce simple morceau de feuille.
Elle remonta l'allée, criant des « Excusez-moi » et des « Pardons » à tout bout de champ. Suivant toujours son précieux papier du regard, elle vit qu’un inconscient allait poser son pied sans doute plein de crasse dessus ! Pas le choix, il fallait opter pour le plongeon !

« NE POSEZ PAS CE PIED PAR TEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERRE !!! »

Et paf ! Voilà la jeune fille par terre, mille et un regards obliques posés sur elle.
Elle releva la tête, se retrouvant nez-à-nez avec celle qui avait été assez irréfléchi pour oser écraser son précieux !

Yuki était sortit de sa cachette afin de se rendre à sa loge. Le spectacle allait bientôt commencer et elle n’était même pas prête. Cela lui importait peu, après tout, elle n’était que le clou du spectacle. Elle bouclait la boucle. Elle était la bête de la scène. La veille, elle avait pu se promener et sans se cachée. Elle avait enfin pu être Yukiari et non pas Medusa. Dès les premiers rayons, Yuki fuyait son reflet comme la peste. Une cape noire sur sa tenue légère lui servait de bouée de secours si jamais l’incident arriverait au courant de la journée. Après tout, elle devrait attendre le retour de madame la lune pour pouvoir redevenir elle-même.

Le temps était chaud et le soleil brillait de tous ses feux. Posant sa main devant ses yeux, elle aperçut la filée de gens qui attendait devant la file.

« D'autres curieux.» Pesta-t-elle.

Elle entendait les enfants rire aux âneries des clowns qui se postaient ici et là. L’un des employés du cirque l’accrocha, la sermonnant de son grand retard. Elle poussa un soupire et continua son chemin, n’écoutant pas le jeune homme qui la suivait ne cessant pas son sermon. Elle marchait un pas ferme et rapide, ce qui l’amenait à lui courir presque derrière. Le brouhaha autour d’elle fit en sorte qu’elle n’entendit pas la jeune fille crie gare. Elle marcha donc sur le dit papier et s’arrêta, elle regarda la jeune fille au sol, d'un air hautain, elle arqua un sourcil. La dame ignorait encore l'employé qui ne cessait de lui crier toutes sortes de choses.Malgrè le fait qu'il soit sérieux, elle l'ignora, encore. Se rendant compte qu'il devait être ainsi ridicule, il se tut. Elle se pencha et eue un drôle de rictus. Était-ce de pitié? Ou se moquait-elle de la jeune fille? Elle retira le papier qui se trouvait logé sous la semelle de son soulier. Elle jeta un œil furtif et lui tendit.

«Bon spectacle.»

Avait-elle dit d’un ton froid et peu compatissant. Elle se releva et continua son chemin avant de disparaître dans la foule, le gamin courrant derrière elle. Déjà, on pouvait entendre les tambours qui ouvraient le spectacle, sous le chapiteau.

Certes, il était fort probable que le comportement de Berry ait pu fortement frustrer celle dont elle avait arrêté la marche. Mais elle n’avait pas eu le choix, malheureusement. C’était ça ou perdre le papier le plus précieux qu’elle n’ait jamais eu entre ses mains. Même si, tout bien réfléchi, aux yeux des autres personnes qui formaient dorénavant un cercle autour de cette scène comique, ce n’était pas l’autre qui avait eu un comportement irréfléchi, mais bien la jeune fille. Mais c'était quoi cette manie de former un cercle ? Pourquoi pas un triangle ou un carré ?

Tout aurait bien pu se passer si la femme devant elle lui avait rendu son papier intacte.
Mais ce ne fut pas le cas malheureusement.
En effet, il était crasseux, pratiquement méconnaissable. Berry resta collée au sol, tentant vainement de redonner vie à son billet. D’accord, elle avait perturbé momentanément le quotidien de la jeune femme (était-elle jeune d’ailleurs ? Aucune idée, puisqu’elle n’avait pas pris le temps de l’observer), mais ce n’était certainement pas une raison pour écrabouiller son papier. L’inconsciente.
L’incompréhension laissa place à la colère. Elle venait de faire quelque chose d’impardonnable ! Et si à cause de cette femme elle pouvait faire une croix sur l’espoir de voir le spectacle ? On n’a pas idée d’écraser un billet !

Directe et prompte à prendre des décisions faisait partie du caractère de la fillette. Cette dernière se releva et, courant afin de rattraper celle qui avait osé écraser son précieux, sauta sur celle-ci puis s’agrippa de toutes ses forces à son haut afin de ne pas tomber par terre (une fois suffisait largement après tout !). Elle était largement consciente qu’un jour, son culot se retournerait contre elle et qu’elle le regretterait amèrement. Mais ce n’était pas vraiment la priorité en ce moment même.
Oui, la priorité était de lui faire clairement savoir qu'elle ne pourrait pas assister au spectacle à cause de ce geste d’une intelligence extrême.

C’est quoi ton problème ?! lui cria-t-elle dans les tympans, depuis quand un adulte s’amuse à écraser les billets des autres, hein ? Je veux des excuses ! Tu m'dois un billet !

Avant que son interlocutrice, probablement surprise par tant d’audace, eut le temps de réagir en l’envoyant valser par un simple coup de bras, Berry descendit rapidement de son dos.
Vraiment, il y avait des gens qu’elle ne comprendrait jamais. Elle regarda quelques temps son billet bousillé, puis releva les yeux vers la femme qui n’arborait définitivement pas un visage radieux.

Spoiler:

Yuki manqua perdre pied. Qui osait s’agripper à son dos? Elle n’eue même pas le temps de se poser la question qu’elle devint sourde, on lui criait aux oreilles. Déjà que l’employé lui tapait sur les nerfs... L’inconnue descendit enfin de son dos. Il était temps, elle commençait à se plier sur elle-même, elle ne s'y était pas attendu. Yu se retourna et se rendit compte qu’il s’agissait de l’étourdie rencontrée plus tôt. Le spectacle. Il allait d’ailleurs débutée et elle n’était même pas prête. Au plus grand énervement de l’employé qui ne cessait de lui répété depuis le début. Elle sourcilla et prit le billet d’entre les mains de la gamine. Il était en effet fichu. On ne la laisserait pas passer. Tant pis, elle reviendra un autre jour. En fait elle s’en foutait. Un spectateur de plus ou de moins ne ferait pas la différence. Elle chiffona le bout de papier et le jeta à la poubelle qui se trouvait à proximité. La jeune Philomène posa son regard turquoise sur elle, son regard était froid et ne semblait rien exprimer. Que ferait-elle si elle refusait de la dédommager? Et elle? Pour qui se prenait-elle pour s’être hissée sur son dos sans permission? Elle serra la mâchoire. Pour la première fois, elle se sentait coincée. Et cet imbécile d’employé qui ne cessait de la presser.

Elle se retourna vers l’employé, sans mot dire, mais tout semblait se passer dans le regard. Elle lui jetait un regard froid, comme si elle lisait en lui, ce qui suffit pour le faire taire. Elle plaça l’une de ses mèches déplacées par la jeune fille et reposa son regard pénétrant sur elle. À nouveau, ce drôle de rictus réapparut sur son visage.

« Très bien, tu ne manqueras pas ton spectacle. »
Elle se retourna vers l’employé qui se crispa.
« Amenez la dans les loges d’invités, dans mes invités. »
À nouveau, elle regarda la gamine lui répétant la même phrase.
« Profitez du spectacle. »

Mais lorsqu’elle se retourna à nouveau, elle tomba face à face avec son reflet. La machine qui se trouvait face à elle était constituée de vitre. Un son étrange sortit de sa gorge presque comme un grognement. Elle rabattit donc son capuchon et partit d’un pas rapide. D’étranges convulsions faisaient trembler le corps de la femme.

Le spectacle -son spectacle- allait commencer.

Le ridicule ne tue pas~ |Yukiari :D|

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