« Viens, viens avec moi, petit chaperon … » [PV Sakura] [Finish]

« Pourquoi as-tu de si longues oreilles, mère-grand ?
Pour mieux t'entendre, mon enfant … »

Ainsi répondait le doux loup prêt à se jeter sur sa proie. La petite fille, innocente et magnifique dans son costume rouge, ne se serait jamais douté que sous les vêtements de la grand-mère se cachait un loup affamé. Celui-ci aurait tout donné pour la manger sans se faire prendre … enfin … l'on dit souvent qu'il se fait attraper par le gentil policier … mais aussi que le policier, à son tour, se fait manger. Beaucoup de versions existaient à ce conte et de nombreuses fois, elle aurait pu être reprise. Ce soir-là, je décidai de la reprendre à ma façon. Je serais le loup, ma victime serait le chaperon. J'étais une serial-killer en mal de meurtres. Je voulais des meurtres, du sang, de la peur, des cris, des hurlements. J'étais sadique. Je le savais. J'aimais ça. Et jamais, non, jamais je n'aurais cru que mon rêve se réaliserait si vite. Ayant décidé de me poser devant le lac sombre, j'attendais, patiemment, que ce soit soit le sommeil qui m'emporte ou une personne qui me divertisse. Je m'ennuyai et replongeai dans mes pensées … de manière très courte. Je ne pouvais pas me le permettre. Mon passé était trop laid, trop bizarre. Trop glauque. Enfin … je me comprenais.

Quittant mon nid de souvenirs, je me levai et me mis face au lac. Il était magnifique, couvert de ce clair de lune qui lui allait à ravir. Les couleurs de l'astre se reflétaient sur l'eau, donnant une ambiance sombre à tout cela. La brume qui m'entourait ne faisait qu'améliorer les choses et là, dans l'incapacité de me défendre, je me laissai aller dans les mémoires qu'étaient les miennes. Depuis quand n'avais-je pas parlé de manière courtoise avec qui que ce soit ? Depuis quand n'avais-je pas prononcé de gros mots ? Hmm … je me le demandai vraiment. Combien de temps … cette question était une des seules à laquelle je ne pourrais jamais répondre. Peut-être avais-je été polie, un jour. Peut-être encore avais-je eu du respect pour qui que ce fut ! Malheureusement, ces souvenirs là ne revenaient jamais à moi. Ils étaient enchainés dans le passé, ne pouvant pas ressortir, dominés par mon inconscience. Je ne voulais pas les revoir, au fond. L'Alicia que j'étais devenue me convenait … mieux encore, elle me plaisait. J'avais de l'égo, c'était vrai. Mais j'étais tout de même incorrigible, comme fille. Une véritable tueuse. Mon âme était corrompue. Par la malice. Tout de mal en moi était lié à mon métier et ma façon de changer. Je ne voulais plus changer. J'étais … parfaite ainsi et l'on ne me referait jamais.

« Et pourquoi as-tu de si grands yeux, mère-grand ?
Pour mieux te voir, évidemment … »

Une fois encore, le loup laissait ses envies bloquées par son envie de jouer. La curiosité de la petite fille le gênait, l'empêchait d'être lui-même et de la manger crue, comme ça, comme il avait mangé la grand-mère. Mais … comme tout prédateur très endurci par le mal, il laissait de côté sa méchanceté et continuait de faire monter en lui l'envie de la croquer. J'en aurais fait de même à sa place. Oui … et je pense que j'en ferais de même car … au loin, une brindille craqua. Me retournant discrètement, je m'échappai de la lumière pour regarder la petite fille qui arrivait. Elle était mignonne. Oui, à croquer. À mordre. Comme le chaperon. Sauf qu'elle n'était pas ce petit être de conte. Non. Elle était mienne. Ma proie, ma cible, ma victime ! Je restai au loin le temps de la regarder et de la détailler entièrement pour arriver à une conclusion des plus intéressantes : cette gamine ne m'était pas inconnue. Non. C'était celle que nous autres, Dark-Dogs, recherchions depuis très très longtemps. Et toujours, elle nous échappait. Ouais. Tout le temps. Il était temps que j'entre dans la danse. Avec moi, elle ne ferait pas long feu. Non, absolument pas.

« Mais … pourquoi as-tu de si grandes dents, mère-grand ?
C'est pour mieux … te MANGER ! »

Ainsi, il l'attrapa entre ses crocs et la mangea. La petite fille était sienne, comme l'on aurait prit une poupée pour la donner à un crocodile. Sa vie était condamnée, ou pas. C'était toujours à partir d'ici que l'histoire bifurquait, prenant de nombreuses solutions. Et c'est d'ailleurs pour ça que j'l'ai jamais comprise. M'enfin, j'm'en tapai profondément. Je sortis de ma tanière et m'approchai lentement de la demoiselle, très discrète, laissant ma voix parcourir tout ce qui nous entourait. Je m'arrêtai près d'elle et sourit.

Belle soirée pour regarder la lune sur ce lac, non ? C'est magnifique …

Il n'y avait pas de doutes. C'était elle. Sakura Ai, la petite fille recherchée par les Dark-Dogs pour son pouvoir. Après tout, annuler les dons de tout le monde, c'était bien, non ? Je reposai mes yeux sur le lac et me laissai bercer par la doucereuse odeur de nuit qui m'enveloppait. J'aimai cette sensation. Je me mis en situation de dialogue, ne quittant pas l'eau des yeux.

Je suis Alicia … simple âme amoureuse des eaux colorées par le reflet de lune. Et toi, jolie jeune fille ?

"Tiens je me suis perdu dans les bois sombres... Mais je voulais ramasse des fleurs pour Mère Grand!"

Courir, je semblais passer cette seconde vie à courir, constamment pour leur échapper. Moi je vous le dis, cela en devient fatiguant! A chaque fois que je croise une nouvelle personne, c'est un dark-dog qui veut ma peau! Alors, où je n'ai pas de chance, ou bien mon destin est de les rejoindre. Mais ça jamais! jamais je ne cèderai...

"Promenons nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas..."

Aucun ennemi en vue, autant en profiter ! "the dark Lake", j'ai toujours voulu m'y aventurer. Tous les coins tranquilles ou je me suis promenés, j'ai eu le malheur de rencontrer des personnes malsaines, espérons que ce sera le contraire cette fois ! J'en profiterais en même temps pour me nettoyer le visage, qui fut salit par mes précédentes expéditions.

"Le loup le plus intelligent est celui qui se cache parmi les petits lapins..."

C'est très étrange, je crois bien que je me suis vraiment perdu! Cela va bien faire trois fois que je fais le tour de lac et je me retrouve au point de départ! Cela doit être la brume qui m'embrouille...
Prise d'un élan de courage, je la traversai vivement pour m'approcher de la bordure du lac. Prenant équilibre sur les petits cailloux, j'avançais en faisant attention à ne pas tomber. J'observais le reflet dans l'eau, l'eau si pure et luisante me fit voyager dans des pensées nostalgiques et rêveuses. Je sortis vite de mes songes quand une silhouette m'interpella à ma droite. Je tournais lentement ma tête pour regarder cette personne. Elle était grande, belle et souriante. Elle ne semblait d'ailleurs pas dangereuse. Tant mieux! Je vais pouvoir me reposer un peu ! Elle me parla, faisant référence à l'apaisement du paysage. Je souris, elle semblait tellement gentille et inoffensive. mais restons méfiante, on ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Mieux vaut ne pas se fier aux apparences.

"Oui, l'eau est claire... Mais la brume tente de m'aveugler."

Je lui souris, elle se présenta, sans aucune méfiance à mon égard. Elle est peut-être dangereuse finalement...Non! Alicia? C'est joli... Mais que dois-je faire? Dois je me présenter, ou inventer un nom?

"Hannah.. et je n'ai pas de nom de famille..."

Un gros bobard certes, mais un gros bobard qui peut vous sauver la vie parfois. On n'est jamais trop prudent et si elle m'enlève mes soupçons alors je lui révèlerais mon vrai nom!
Oh un poisson!! mort...

« On dit que le hasard fait étonnamment bien les choses … »

Oublions ces histoires de petit chaperon rouge et pensons maintenant à ma vraie mission. Trouver cette gamine ? Merci à la chance qui l'amena tout juste près de moi ! La faire venir avec moi serait une tâche plus difficile, ouaip, mais je pouvais y arriver. Après tout … j'pouvais avoir ce que je désirais tout en restant calme. Je n'hésiterai pas à manipuler à l'extrême, à être « vache » pour obtenir ce que je voulais. Je devais l'amener chez les Dark-Dogs. Je devais la … kidnapper. Ce jour-là, ma tâche n'était pas de tuer mais d'enlever et d'amener, vivante, une personne avec moi. Souriant à tous ses actes, je ne pouvais m'empêcher de trouver cette gamine adorable. Certes, j'étais impolie, je faisais partie d'une secte bizarre et était une serial-killer, je n'en étais pas moins humaine. Les sentiments me transperçaient, ne me laissant absolument pas de marbre devant quelque chose – ou quelqu'un – de beau, de plaisant, de mignon ou autre. Eeeeeet oui … la jolie tueuse aux cheveux blonds n'étaient pas parfaite. Cette gosse ? Je ne pourrais pas la tuer. Non. Enfin … si réellement mes nerfs étaient poussés à bout, je n'y verrais pas d'inconvénients mais, dans un autre cas, je n'oserai pas lui faire de mal. La kidnapper serait difficile, déjà, donc aller plus loin … quasi-impossible. Je m'étonnais moi-même, à ne pas vouloir lui infliger de nombreuses tortures. Pourquoi étais-je si impressionnée par les enfants ? Ils pouvaient, à leur guise, me dominer. Naïve ou trop gentille, je ne savais pas trop, je me laisserai docilement faire. C'était ainsi que je pliais : face aux bambins. Quelle poisse.

« Mais il ne les rend pas forcément aisées à compléter. »

Je regardai dans les yeux de la gamine. Sa réponse était amusante. La brume tentait de l'aveugler … mais elle était justement en ce monde pour le faire ! Le brouillard, ce fin voile de gris, était conçu dans le seul et unique but de réduire le champ de vision d'une personne. Je plussoyai – du verbe plussoyer qui signifie mettre sur un piédestal, idolâtrer, vénérer … – ceux qui bénéficiaient de la vue améliorée. Certes, mon pouvoir était excellent, mais tout de même. Manipuler le sang à ma guise … ouais, il était bien, mon don. J'pouvais toucher tout le monde – sauf les robots, que je pensais extrêmement rare à Wonderland comme partout ailleurs – rien qu'en jouant avec mes doigts. Sauf cette gamine. Enfin … je pourrais l'atteindre, mais elle pourrait se défendre en annihilant ma puissance, m'enlevant mon emprise. Sakura était étonnamment bien protégée. Une barrière qui empêchait toutes sortes d'attaques de la blesser. Pas étonnant qu'elle s'attirait les foudres de nous autres, Dark-Dogs. Non, vraiment pas étonnant …

Puis, du bout de ses lèvres tombèrent un prénom. Hannah … ce n'était pas bien de mentir, jolie Sakura ! Mais que pouvais-je dire là-dessus ? Je m'apprêtai à la manipuler, à lui sortir de nombreux mensonges alors … les réprimandes à ce sujet m'étaient … interdites. Et cela n'était pas si gênant, car je me savais consciente de mes actes. J'acquiesçai à sa remarque, tandis qu'au plus profond de ma tête, une petite voix ne cessait de me crier qu'elle mentait. J'aurais voulu lui gueuler un « ta gueule, putain ! » transcendant mais la gamine près de moi me forçait à rester zen et … « polie ». Ce n'était pas difficile, même si, de mes lèvres outrepassées arrivaient des mots dignes des pires cancres du monde. Pourquoi cancre ? Parce que la plupart des « rebelles » qui séchaient les cours ou autre, dans le monde réel, étaient tous des personnes impolies et des cancres. Je n'étais pas comme eux. Non, j'allais en cours et j'faisais de mon mieux pour atteindre les bonnes notes. Eux me répugnaient, ils me donnaient envie de tous les éclater contre le mur le plus proche et de les frapper jusqu'au sang. Tous sauf un. Oui … ce garçon là, unique, mignon, adorable … un sacré connard mais un mec véritablement attachant dont j'étais éperdument amoureuse. Peu de personnes le savaient mais tous ceux qui étaient au courant le comprenaient. Mais c'était le monde humain, depuis je ne me souviens plus de lui. Pas même de son nom. De rien du tout. Il était le mystère. Mon mystère. Celui qui avait autrefois hanté mes nuits, mes pensées et même mes cahiers ! J'écrivai son nom partout et, par malheur, j'avais oublié de le noter dans ma mémoire. Du coup, il n'était plus que souvenirs.
Passons. Je m'attardai sur la demoiselle et reprit d'une voix douce.

Mais dis-moi … tu viens souvent ici ? Ou n'est-ce qu'une coïncidence ?

"Je n'ai pas peur de ce que je ne vois pas..."

Accroupis au bord de l'eau, je la regardais, la dévisageais, l'inspectais, mettant mes radars "ON" et observait sa réaction. Étrangement, elle n'eut aucune réaction douteuses à propos du mensonges, ce qui m'enleva un petit peu de méfiance. Je souris, n'être plus seule dans cet endroit lugubre me réconfortait. Je me rapprochais d'elle, lentement et discrètement en priant qui vous voulez qu'elle ne veuille aucun mal. On pourrait me qualifier de naïve, mais ça je le sais bien malheureusement, j'essaye juste d'être optimiste. Je m'assis à côté de la jeune femme qui me souriait doucement. Nan! ce serai vraiment du gâchis qu'elle soit une dark-dog! Je regardais le paysage, tenant mes genoux contre ma poitrine.

"C'est quoi l'acharnement?"

Et oui! on va dire que je suis poursuivie par des acharnés! Je ne sais même pas pourquoi ils en ont après moi? Pour leur propre intérêt? et oui, je ne suis qu'un simple divertissement, une arme. Enfin, ça c'est qu'on m'a dit! je ne fais que le répéter. Ma triste situation ma rappelle des souvenirs d'enfances, d'avant ma mort. Quand les enfants à l'école, me frappaient, jaloux et que j'allais voir ma mère adoptive, en pleurs demandant conseil. Cette hypocrite ne savait que me dire : "regarde les dans les yeux et dis leur : Ne me frapper pas!" évidemment, je le faisais, quoi de plus normal, et cette femme, odieuse souriait en me voyant revenir avec des bleus par tout. Elle avait honte de m'avoir comme "fille" et moi j'avais honte de l'avoir comme "mère". Je me verrais bien, en costume, comme dans les dessins-animé, arriver chez les dark-dogs et leur dire : "ne me tuer pas!" Si seulement c'était si simple. J'en serais capable, mais je me ferais attraper tout de suite! Mais c'est drôle de les provoquer et après leur filer entre les doigts. Ce n'est pas très prudent, je l'avoue et après je m'en voudrais de m'être fait avoir!

Revenons à nos moutons, Alicia me parlait, calmement. Elle me demanda gentiment si je venais souvent en cet endroit. Et bien, en fait, non seulement c'est la première fois que je viens et en plus, je me paume! Je suis trop maladroite. mes amis me le disaient souvent!! Attendez...quels amis? Un long soupire de tristesse fut la seule réponse à ce moment. Mais je me tournai vers elle et lui adressai un grand sourire.

"Oui! C'est bien la première fois! j'essaye de ne pas rester trop longtemps au même endroit... Par prudence!"

Elle ne me faisait absolument pas peur cette Alicia, elle m'impressionnait ne serait-ce peut-être que légèrement. Les adultes, toujours à se croire les plus forts! Mais, je le répète, cette fillle semblait en apparence inoffensive et douce. Si apaisante... Je m'endors moi!

"Et vous? Que faites vous là?"

Bah oui! j'ai le droit d'être curieuse moi aussi quand même ! Je rit et la regardai, attendant sa réponse, amusée, ne me doutant de rien mais alors de rien...

On dit que les enfants sont les seuls à avoir cette qualité rare : l'innocence. Oubliez le fait que les humains aient ça en eux car ils connaissent le monde, ils ont déjà fait de nombreuses choses en cette Terre et durant leur vie. Les conneries, les vacheries et le reste, ils le manient mieux que quiconque. On ne peut pas reprocher à un enfant d'être encore perdu dans son monde, cherchant des repères, au point de s'allier à n'importe qui. Je regardai la demoiselle avec un sourire. Elle était de ceux qui allaient auprès des personnes qui, au lieu d'être gentils et faits d'un bon fond, étaient corrompus jusqu'à la moelle. J'étais de ces personnes là, quant à moi. Méchante ? Non. Juste manipulatrice et en mission. Je devais ramener cette petite fille à l'antre. Coûte que coûte. Je souris, mon visage semblait avoir assimilé comment masquer la vérité en la remplaçant par le mensonge. Mon travail mental n'avait pas servi à rien. Sinon, je serais dans une criss de situation à courir après la gamine. Et ça, j'l'aurais pas supporté. Alors j'me disais qu'c'était bien comme ça, profitant de mon emprise sur elle. Qu'étais-je machiavélique … muhihihi. Mon esprit se frottait les mains devant tant de méchanceté. Et j'l'aimais, lui aussi ! Haha. Bref.

Je la laissai s'installer à côté de moi, m'asseyant à mon tour. Nous regardions l'horizon, sur un morceau de plaine près de ce lac baigné de la lumière lunaire. De loin, nous aurions pu être prises pour deux sœurs, deux personnes qui se connaissaient depuis toujours. Malheureusement pour elle, je n'étais pas là en amie … j'étais surtout là pour ma mission. Mon but. Pas d'amitié. Juste du « fake ». Car non, je ne lui disais quasiment rien de vrai ! Cela ne me déchirait même pas le cœur de jouer avec elle. J'étais née pour ça, pour être méchante ! Hahaha !! Je la regardai avec un sourire affectueux plus que menteur et reprit.

Par prudence ? Quel mal te ronge, ma puce ?

Mon sourire resta posé sur mes lèvres tandis que mon bras allait lui caresser doucereusement le dos, tentant de la rassurer. Puis, sa deuxième remarque me prit au dépourvu. Que faisais-je ici ? Mon instinct aurait voulu lui dire cash que j'étais là pour la kidnapper et lui voler son pouvoir mais je l'en empêchai (surtout que ce n'était qu'une simple coïncidence.). Je ne devais pas faiblir maintenant, ce serait ballot, surtout que j'arrivais à faire en sorte qu'elle me fasse confiance – pauvre être – depuis très peu de temps. Sa méfiance et le reste de sa garde s'en allaient, laissant place à un esprit de mouton qui suivait toutes mes décisions. Classe, non ? Oui, ne le répétez pas ; je suis un monstre. Et ça, j'en ai conscience. J'avais toujours su que j'étais un monstre, une mauvaise personne. Après tout, j'étais une Dark-Dog, c'était une raison suffisante, non ? M'enfin bref. Je daignai donc répondre à sa question après un léger soupir.

Ce que je fais là ? J'aime sortir, prendre l'air. Et aujourd'hui est un jour de pleine lune alors, forcément, je viens admirer les jolies couleurs de l'eau grâce à la magie de la nature. C'est tellement impressionnant, toutes ces teintes qui n'ont pas été retouchées par l'homme ! De plus, la brume, fine et poudreuse, ne fait qu'améliorer les choses. C'est dingue, non ? En plus, tout ça baigné d'une rencontre avec quelqu'un. Sacrée coïncidence, tu ne trouves pas ?

On m'aurait facilement crue sincère dans mes propos. Pourtant, je me contrefichai bien de tout ce que je disais, je ne cherchai que d'excellents mensonges pour réussir à attraper la jeune fille. J'étais habilement parvenue à, doucement, l'entourer de mon piège pour le resserrer, comme un anneau que l'on mettrait autour d'un doigt. J'étais un serpent. Je l'avais mordue et mon venin se répandait en elle de plus en plus vite, me permettant de la dominer et la garder pour moi. Ou … l'amener à l'antre et exploiter ses dons. J'imaginai déjà la scène et je m'en délectai. C'était donc définitif … j'étais un monstre fini dans un monde de fous. Qu'elle se rassure, je n'avais pas encore envie de la toucher. Pas encore. Donc j'étais mignonne, pour l'instant. Pour l'instant, car on ne me tient pas calme longtemps, mes petits !

Je n'arrêtai pas de me répéter intérieurement que je n'avais pas peur! Oui, c'est vrai, j'ai pas peur d'abord! Je ne suis pas une proie! Je le suis? J'aimerais tellement quelqu'un que je puisse serrer dans mes bras, quelqu'un qui me dise qu'il me comprenne, même s'il ment, j'ai besoin...
Je la regardais dans les yeux, plongeant dans sa douce pupille noire, reflétant mon visage dans ce que je croyais pur. L'eau claire du lac ne me suffisait plus. Inconsciemment, mon cœur se noyait dans l'obscurité.
Mais qu'est-ce que je raconte moi? Sortant de mon voyage aux confins des pupilles d'Alicia, je levais la tête vers la lune, lumineuse, grande, ronde. Sa lumière m'aveuglait.

"Un mal? je me sens perdue... Je n'arrive même pas à le dire, tellement je manque de confiance dans ce qui m'entoure..."

Et chlac! Même si je ne savait rien d'Alicia, je flottais entre confiance aveugle et crainte. Je voulais la suivre, je voulais me confier à elle, lui tenir la main, pleurer dans ses bras, qu'elle ne me lâche pas, m'accrocher à cette fille. Mais. Mais j'avais peur de faire une erreur. Une erreur? Je ne veux pas me tromper! encore.
Puis sa réponse me fit sourire, on a presque envie de la suivre, d'y croire. Allez Sakura! tous les habitants ne sont pas des dark-dogs! Je lui souris.

"Oui, cela fait du bien de décompresser, de se laisser bercer par la nuit...qui nous emporte...Moi, j'aime réfléchir a ce que j'aurais aimé être..."

Sans réfléchir, je mis ma tête sur son épaule, cherchant de l'affection, réclamant un câlin pour soulager mes peines.

"c'est ce qu'on appelle se jeter dans la gueule du loup..."

« Le loup mange la brebis. C'est le protocole, on y peut rien. »

Oui, le loup mange la brebis, ça a toujours été ainsi, qui pourrait le changer, hein ? Personne. L'on nait avec un caractère soit doux, soit méchant. Ou, l'on peut, avec la croissance, dominer quelqu'un. Mais une fois encore, c'est une relation de dominant – dominé. Par conséquent, on se rend compte que c'est toujours ainsi … enfin, toujours, je n'en sais rien, mais dans mon cas, c'est ça. Je suis une louve, je mange les brebis, c'est ainsi. Sakura représentait ma brebis. J'étais son loup, son monstre, son … assassin. Et, par malheur pour sa petite vie, elle n'allait pas pouvoir se débarrasser de moi si vite. De plus, le temps s'écoulait et le destin jouait en ma faveur : je l'avais de plus en plus entre mes griffes. Un sourire gentil plaqué aux lèvres, je laissai mon esprit vagabonder entre tout un amas d'idées. Que faire maintenant ? Cette question me taraudait infiniment, aimant jouer avec mon pauvre esprit torturé qui ne savait pas vraiment quoi répondre pour la chasser. Puis, je tournai mes yeux vers elle, reprenant mon regard. Il fut accompagné des yeux de Sakura qui plongèrent en mes prunelles. Lorsqu'elle tourna les yeux, un sourire vint se plaquer sur mes lèvres. L'était mignonne, la petite « Hannah », comme elle le disait si bien.

Sa voix me ramena sur terre. Je poussai une de mes mèches de mon visage, l'écoutant parler avec un air protecteur. Perdue ? Peu de confiance ? Hmm … ma belle, tu étais mal tombée, avec moi. Pire qu'avec quiconque. Voilà ce que mon esprit aurait laissé passer d'entre mes lèvres si je n'étais pas en pleine manipulation. Ma franchise me jouait souvent des tours mais là, j'étais soumise au mensonge. Pour le bien des Dark-Dogs. Pour la mission, le but. Je devais me concentrer dessus et ne pas échouer ! J'aurais honte, sinon. Souriant, je la regarde, contemple ses traits qui, peut-être, seront bientôt face à moi tous les jours mais sous un aspect différent. D'ailleurs, je ne m'étais pas posé la question mais … pouvait-elle être rancunière ? Je ne pensais pas. N'empêche, le fait que je joue avec ses sentiments et la vérité me gênait plutôt, m'empêchant d'être moi-même, de la prendre par les cheveux et de la trainer avec moi jusqu'à l'antre. Non, j'étais trop douce et trop gentille pour cela. Enfin … avec les enfants. Cela aurait été un autre gars à tuer ou laminer lamentablement et ramener, je me serais amusée, je l'aurais détruit, cogné contre l'arbre, écraser contre la terre, noyé dans l'eau alors que je m'agrippai à sa tignasse … Aaaah, le rêve que c'était !

Je me ressaisi légèrement, aidée à nouveau par la voix cristalline de la petite fille. Décompresser était une bonne chose, ouaip. Surtout face à un lac si magnifique. Le reflet de la Lune dans l'eau était tout bonnement magique, jetant des étoiles aux yeux de chaque être se plongeant sur la situation, regardant avec intérêt la douce surface aquatique caressée par le vent nocturne et sa délicieuse odeur. En parlant de cela, vous avez déjà pensé à renifler l'air lorsqu'il fait nuit ? Sortez et sentez cette douce senteur. Surtout quand il a plu durant la journée. Les deux parfums qui se mélangent, tout ça … c'est divin ! Oui, oui, divin ! Mais je m'égare. Je regardai la jeune fille, un sourire aux lèvres, prête à reprendre la parole quand, enfin, une manifestation affective arriva. Sa tête vint se caler sur mon épaule, demandant inconsciemment un câlin. C'est avec un faux sourire au visage que ma main se glissa sur sa hanche, la collant à moi.

« Mais la brebis, ne peut-elle pas échapper au loup ou se rebeller et le tuer ? »

Non. Une brebis n'arrivera jamais à se défaire de l'emprise de son dominant. Le système est fait comme cela et à voir les réactions de Sakura face à tous mes mensonges, il n'y a que peu de personnes qui s'en échappe mais … comme toute brebis égarée, elle finit par se faire dévorer. Autant que je commence à la grignoter, donc. Évidemment, je ne me retenais pas. Ah ça non. Il ne fallait pas abuser, non plus. Souriant, je la gardai contre moi, m'exprimant d'une voix plutôt faible pour ne pas perturber le silence et l'atmosphère agréable qui nous englobait toutes les deux.

Pourquoi portes-tu si peu de confiance envers les autres, Hannah ? A-t-on déjà osé te faire du mal, ma puce ?

"Quand tout à coup, la brebis se rebella et ses grandes dents tranchèrent le pauvre loup sauvagement! Attendez..on n'est pas dans destination finale là..."

Je me blottissais contre elle, tentant d'oublier mes peurs, mes craintes, voulant les rejeter au loin. A ce moment précis. Je me retenais à la manche d'Alicia, pour ne pas tomber dans le gouffre sombre et profond, cherchant par tous les moyens à remonter. Derrière Alicia se dissimulait un démon que je ne pus apercevoir, absorbée par le désir d'émerger de la solitude. Et même si cette fille devait à me jeter dans un autre trou à côté, j'aurais au moins prolongé ma vie de quelques secondes.
Je ne pensais plus à la confiance, ni à la méfiance, je me laissais avoir, n'ayant plus conscience de ce qui m'entoure, serrant juste cette manche sans relâche, je prononçai alors ces durs mots que je regrettais sans cesse.

"J'ai peur... Je suis poursuivie par des fous appartenant à une secte..."

Je m'étais trahie, même si au fond de moi, j'étais sure qu'elle ne me voulait aucun mal. J'avais confiance en Alicia, aveuglement, je ne la connaissais pas mais en elle se trouvait quelque chose que je désirais. Je croyais! Je croyais... Tout était faux. je le sentais! je le sentais...
Je versais des larmes sans bruit frottant ma joue à son bras, m'enfonçant encore, encore, encore... Et le pire, c'est que j'en avais l'intuition mais je m'en fichais! Je voulais, je voulais avoir raison! avoir confiance en cette fille, avoir confiance en quelqu'un! Elle me murmura des mots doux. Je me sentis bien... Je décidai alors de lui dire mon secret, espérant qu'elle me sourît, qu'elle me réconforte.

"Au fait, excuse moi, je t'ai menti... je n'avais pas confiance en toi! Je m'appelle Saku..."

Son sourire, il me fit peur... je crus décerner une once de malice, voir de sadisme, je fermais les yeux...Non... Je me fais des idées. ressaisis toi ma pauvre! tu ne te feras jamais d'amis comme ça. Mais...il me rejetait parce que j'étais trop stupide pour les croire sans voir plus loin que le bout de mon nez. Pff..quelle parano!
Je baissai la tête, suant à grosses gouttes, tremblant de tout mon petit corps fébrile. J'hésitai à parler, ou plutôt a finir ma phrase, je rouvrit les yeux et la regardai, plongeant dans ses yeux verts. Naviguant avec les vent dans ses cheveux dorées. Je soupirai un très grand coup et bafouilla.

"Sakura..."

ça y est! je l'avais dit! J'aurais voulu pleurer un grand coup dans les bras de mon doudou mais une fille me l'avait déchiré un jour avant ma mort... Je revint présente et lui souris gentiment, pourquoi je pleurais moi? Elle était si douce, si belle, si gentille, si réconfortante, comme une peluche, d'ailleurs, je la serrais toujours contre moi.

Je ne sais pas, c'était cette sensation bizarre, ce sentiment d'intuition. oh oui! Vous connaissez l'intuition féminine? Héhé!! Héhé. Héhé...
Tss... j'attrapai un caillou, aussi plat que moi et le jetai, inclinant mon bras, pour le faire ricocher sur l'eau. Je soupirai la 100e fois et souris à Alicia, croyant dur comme fer qu'elle ne me voulait rien de mal. Je lui avait confié mon secret, j'étais à découvert. Maintenant, je ne pouvais plus reculer. C'est drôle, je me fais des films moi. Elle me veut rien cette fille! et ça sera ma nouvelle amie! Je me levai et époussetai mes habits, quelque peu poussiéreux et mis une main dans l'eau comme pour atteindre la pureté du bout de mes doigts dans ce lieux si sombre.
Et maintenant? Vas t-elle me montrer son vrai visage?

"On dit que le plus pur des cœurs voit le bien dans le cœur le plus noir. Car seul l'innocence discerne la différence."

« Dessines moi un visage, imagines moi un caractère … mais je t'en supplie, ne me façonne pas de sorte à ce que je fasse souffrir …

Façonnes moi un beau visage, mon amour, transformes moi en déesse. Connaissez-vous cette phrase ? Cette remarque qui impose à un mari, quel qu'il soit, de créer, sur un tableau, une plus belle image de sa femme. Peut-être en a-t-elle marre de son apparence ou veut-elle juste s'imaginer plus jolie ? Malheureusement, son mari ne trouvera pas le courage de la rendre plus jolie, il la trouve déjà magnifique. Ma mère me contait cela, lorsque j'étais gamine. Et, toujours, je lui demandais si moi, j'étais aussi mignonne que la demoiselle de l'histoire. La réponse qui me parvenait était toujours la même : « Oui, tu es tellement belle, ma puce, que tu obtiendras tout ce que tu veux, plus tard, dans la vie. » Malheureusement pour toi, maman, aujourd'hui, c'est encore vrai. Même lorsque ce que je désire peut s'avérer dégueulasse pour une personne. J'suis pas une bonne personne. Pourtant, certains parviennent à m'aimer. C'est fou ! Bref. L'imagination d'un caractère … lorsque l'on crée un robot, on lui donne tout, non ? Le plus important reste cependant sa psychologie. Oui. On ne crée jamais un être qui sera capable de tuer juste parce que la tête de quelqu'un ne lui revient pas, n'est-ce pas ? Alors voilà. Je suis un robot. Ma mère m'avait éduquée de sorte à ce que je sois une petite fille modèle, comme on en trouve un peu partout dans les écoles de bourgeois. Je n'avais jamais voulu être comme ça. Donc, même si je l'avais blessée, je m'étais rebellée. Et j'avais fini par changer. Pour devenir une méchante personne.

Pour devenir une Dark-Dog.

Je soupirai. Comment une princesse toute douce et calme avait pu devenir une telle fille que moi ? Ah … mystère. Mais cela me convenait. Oui. J'étais bien dans ma peau. Même si je faisais du mal et que je n'avais pas honte ! J'étais … fière d'être moi-même et pas une autre. Les remarques désobligeantes des gens n'étaient que des remarques. J'étais Alicia, la Alicia que je voulais être. Pas la Alicia que les autres voulaient que je sois. Tout simplement.
Regardant tout autour de moi, je sentis des petits bras m'enlacer. Je souris, véritable grande sœur, la laissant se blottir contre mon corps, plaçant ma main autour de son cou, l'écoutant parler. Poursuivie par ces fous qui appartiennent à une secte. Alors j'étais une folle. Ouais, c'était bien d'être folle. Mais après tout … tu es fou, je suis folle, il est fou, nous sommes fous, vous êtes fous et ils sont fous. La vie est belle !

Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck. Fuck !

Encore fuck ? Non, OK, j'ai comprit. Pourquoi ? Hmm … simplement parce que cette foutue étape de ma vie me force à manipuler une gamine qui a l'air de m'apprécier … alors qu'en fait, je m'apprête à la dévorer, à la détruire. Tant pis. J'étais une méchante, dans ce jeu. J'endossais ce rôle. Même si je faisais souffrir. Désolée, princesse de la perfection, désormais, je te double, avec mon caractère pourri. Pourquoi, dis-tu ? Parce que la perfection n'a pas de place en notre monde. Tu te dois de mourir. Enfin bref, tu comprends donc que je veux que tu dégages ? J'ai des choses à faire.
Et là, le petit ange qui me sort de mes conneries disparaît. Il meurt, laissant place à mon démon. À mes démons, d'ailleurs.
Lorsqu'enfin, la demoiselle lâche sa couverture, je pensai enfin qu'il était temps d'attaquer. Elle n'avait pas confiance ? Elle n'aurait jamais dû me faire confiance tout court ! On ne fait pas confiance à un monstre tel que moi ! Haha, ma pauvre et douce petite fille, tu t'étais foutue dans un beau pétrin !

Ne pas me faire confiance, hein ? Hmm … je comprends. Et … je suis tout à fait d'accord avec toi.

Là, je m'attendais à la question basique. « D'accord avec moi ? » Eh bien de là, j'enchainais sur une nouvelle affirmation.

Pourquoi d'accord avec toi ? Tout simplement … parce qu'il ne faut pas faire confiance à une personne comme moi.

Prenant un air farouche et méchant, je m'approchai d'elle, lorsqu'elle s'approcha enfin de l'eau et posai une main sur sa bouche, la tenant avec l'autre. Puis, la relevant, je lui plaçai un couteau sous la gorge.

J'ai mit du temps avant de te faire cracher le morceau. Beaucoup de temps, quand même. C'était facile de jouer avec toi. Tu es bien une gamine.

Riant avec machiavélisme, je commençai à reculer, me préparant à repartir.

Maintenant, tu vas me suivre bien gentiment … si tu ne veux pas que je te fasse mal avec ce petit jouet.

Voilà, la brebis se faisait enfin croquer par le loup. Encore faudrait-il que le prédateur l'amène à destination pour se délecter de sa souffrance … et ce n'était pas dit.

Sa vraie nature, qu'est-ce donc pour une personne? C'est la partie qu'elle cache, qu'elle dissimule. Certains en son fiers, d'autres essayent de la fuir. Moi ma vraie nature, je ne la fuyais pas mais je ne m'en vantais pas non plus. Ce pouvoir, ce don qu'on m'a attribué, comme à tout ceux s'étant retrouvés ici, me faisait peur. Car il m'attire tous les malheurs possibles. On pourrait me pointer du doigt en dénonçant mon comportement de victime. On pourrait m'ordonner de me taire, d'arrêter de me plaindre, d'accepter ma nouvelle vie mais cela serait infect de me demander ça, à moi qui n'aie jamais rien demandé.

Le rêve, le rêve a été une des seules choses merveilleuses dans ma triste existence. Ma vie était terne et désenchantée alors que mon imagination, mon espoir en une amélioration faisait rayonner mes rêves et cela fut éteint, direct quand j'eus perdu définitivement mes êtres chers. Ce fut pareil avec Alicia mais le choc fut plus rapide, voir même instantané. Je n'eus pas le temps de comprendre que tout était brisé. Ce que j'avais donné fut pris et ce que j'avais osé demander ne me fut donné. On m'a juste tendu ce qui ne faisait le plus peur, ce que je ne voulais pas, ce que je craignais le plus.

J'étais en train de boire calmement quand Alicia se leva aussi, en riant. Ce rire, il ne me plaisait pas. je le trouvais louche! Mes doutes furent confirmés quand j'aperçus son visage, une tête sadique comme j'en avais déjà vu avant. Non pas eux... pitié pas eux, pas encore... Son sourire machiavélique me brisait le cœur, j'avais eu trop confiance. Oui, elle a raison, je ne suis qu'une gamine. Elle me fit reculer, j'étais obligé. Mon pied s'enfonçait dans le liquide bleu, ce qui me fit sursauter. Alicia me tira le bras, plaçant un couteau sous ma gorge, me menaçant de "s'amuser" avec si je lui résistais.

"Mais..."

Mais... oui ce mot raisonnait dans ma tête, je souffrais, je ne voulait pas comprendre. J'eus un mouvement de recul, ma tête exprimait une expression horrifiée. oui, j'étais en horreur, des larmes coulaient de mes orbites écarquillés. Je voulais la frapper en pleurant, cette "première amie". Je lui en voulais d'avoir brisé mon espoir, d'être tout ce que je haïssais. Je criai comme une folle, voulant m'enfuir très loin de cette peine, oublier ma déception, oublier également ma naïveté. Je suis tellement naïve, cela causera ma perte... une seconde fois.
Je tirai dans l'autre sens, tentant d'éloigner ma nuque de cette lame tranchante et dangereuse.

"Non... Non... Je ne veux pas! Je ne veux pas!"

J'étais en pleurs, le choc fut trop rude à supporter pour moi. Devoir supporter ça était un supplice. En plus, cette secte ne me lâchait pas. Alicia en faisait parti, elle devait me ramener à leur QG, cette fille ne ressent rien pour moi, je suis sa proie, face à mon destin... Mais j'en veux pas de ce destin!!

"Craché le morceau? Ordure! J'avais confiance en toi moi!!"

Je pleurais encore, encore et encore. On se trouve bien aux pays des merveilles?! alors peut-être que mes larmes formeront un océan à leur tour. Je me débattais comme pas possible, en criant, personne ne semblait voler à mon secours, comme dans les contes qu'on me lisait à l'orphelinat. Encore une fois, je vais devoir compter sur moi même. J'avais appris à leur résister après tout! Tentant de donner des coups à Alicia, je criai :

"Mais lâche moi!! A l'aide!!"

J'étais désespérée, au point de crier des choses inutiles, mais rien ne l'est dans des moments comme celui-ci. Alicia étais mauvaise, j'avais cru voir le bien, mes yeux furent embrouillés, mon âme fut rassurée et mon cœur fut absorbé. Je reculais encore, évitant de regarder l'arme...

« La confiance mène à la bêtise.

Je la regardai, pauvre petite chose que j'aurais pu broyer en serrant seulement mes mains. J'avais juste à serrer mon emprise sur son petit corps. Elle m'avait fait confiance ? Elle était condamnée. C'était simple, comme ça … en plus d'être vrai. Classe, non ? Certes, pour quelques personnes, ce n'était pas bien, mais pour moi, véritable folle sadique et en manque de meurtres, c'était marrant. Je n'avais jamais arrêté de tuer les gens. Et cela n'allait pas s'arrêter maintenant. Par contre, je devais rester calme et ne pas lui ôter la vie, elle pourrait être très intéressante. La maintenant contre moi, mon couteau toujours sous sa gorge, je reculai délicatement, prenant garde à ne pas la tuer … ce serait ballot. Pourquoi ballot ? Parce que moi, cette gamine, j'm'en fichai pas mal ! La faire mourir ou la garder était pour moi une chose qui me ramenait au même. Mais bref.

Je l'écoutai gémir, crier, sous ma poigne et mes menaces. Sadique et complètement folle, je me délectai de ses souffrances. L'entendre hurler ainsi dire des choses qui serviraient à rien me plaisait, j'étais fan de ça, complètement dingue … et pire encore, je serrai de plus en plus mon emprise, n'ayant qu'à secouer mon bras pour lui trancher la jugulaire. Pour faire simple : je la maitrisais. Ouais, c'était tout à fait ça. Sakura était réduite au stade d'appartenance. C'était ma proie, ma victime, ma brebis. Car jamais, au grand jamais, une agnelle avait su prendre le dessus sur une louve. Je ne comprenais vraiment pas comment les autres Dark-Dogs avaient fait pour la rater. Il suffisait d'être adorable et ça passait tout seul. La preuve en était, d'ailleurs. Je l'avais facilement manipulée. Peut-être étais-je douée et dotée d'une profonde faculté à manipuler les enfants et tout plein d'autres personnes ? Qui savait ? Moi ? Non. J'agissais comme bon me semblait. Toujours. Et cela ne changerait pas maintenant. Non, absolument pas. Encore moins avec elle.

… À une bêtise qui peut être dangereuse …

Souriant à ses cris et la serrant de plus en plus fort, je continuai ma marche vers l'arrière, ne la lâchant surtout pas, souriant quand elle disait ne pas vouloir. Après tout, vouloir ou ne pas vouloir, ça changeait quoi ? Rien du tout. Elle prendrait cher, point. Et je ne démordrai pas. Qu'elle hurle, qu'elle pleure … ou toutes ces choses, je m'en balançai, au contraire, ça me donnait envie de plus. Peut-être étais-je masochiste ? Non, j'aimai juste que les gens hurlent pour moi. Donc j'étais sadique. Oui. Sadique pour le plaisir d'être sadique. Quelle classe, je n'en revenais pas !

Tu sais, ma puce, que tu veuilles ou non ce qu'il t'arrive, c'est ce qu'il doit t'arriver, donc tu prends et tu la fermes, tu comprends ?

Toujours cet habituel « ma puce » qui m'écorchait les lèvres. Toujours cette attitude bizarre avec elle. Et une fois encore, ce plaisir de la faire souffrir. J'étais une ordure ? Ah, certainement ! Mais être une belle ordure me plaisait. Oui, vraiment. Me faire confiance ? Eh bah dis-donc, ça avance ! Faire confiance à une Dark-Dog ? Sacrée erreur. Bon, oui, j'suis une excellente manipulatrice, mais voilà, quoi.

Bah alors, ma puce ? C'est bon d'être trahie, non ? Il ne faut pas se jeter dans la gueule du loup, héhé.

Je la soulevai, lui entaillant légèrement la cuisse, remontant de son genou à sa hanche, laissant de nombreuses gouttes de sang couler, tâchant le rebord de son vêtement. L'hémoglobine me fit sourire. Elle perlait délicatement ses vêtements, avec une couleur si rouge … des étoiles vinrent se placer dans mes yeux puis je secouai la tête, remontant le couteau sous sa gorge.

Te lâcher ? Mais enfin, ma belle, tout ne vient que commencer, je n'ai pas envie de te lâcher ! Pas maintenant, je commence juste à m'amuser !

Sadique ? Oui. Méchante ? Aussi. Mais après tout … j'avais toujours été comme ça ! … pourquoi vous ne me croyez pas ? Si j'vous dis que c'est vrai ! Je n'avais jamais été gentille. Ou si, juste avant le commencement de ma belle vie de Dark-Dog. Enfin … belle … je dirais plus sanglante.

… voire mortelle … »

J'avais peur, j'étais terrifiée, horrifiée, apeurée et encore tout ce que vous voulez. Je me débattais, en criant sans cesse, cherchant maintes façons de me raccrocher à la vie. je ne voulais en aucun cas succomber au désespoir qu'est mon destin. Non, mais vous appelez ça un destin vous ? j'étais trop fière pour implorer sa pitié, j'avais déjà subi une assez grosse humiliation pour renoncer comme ça. Même si vous l'avouerez qu'il serait plus "normal" d'en venir au contraire.

Faisant non de la tête en pleurant, je voulais montrer à Alicia que je ne voulais pas. J'appelais au secours sans relâche, attendant un sauveur, qui malheureusement, semblait mettre du temps à venir.

Quelle idiote j'ai été de m'éloigner...
Maintenant le loup m'a attrapé...

Le loup, toujours ce sale loup! Pourquoi c'était toujours moi la victime d'abord?! J'ai peur. J'ai envie de pleurer. D'ailleurs je pleurs... Non, je pleurnichait comme un bébé à qui on eut promis une sucette et qui finalement n'avait rien eu après avoir eut une lueur d'espérance.
Soudain, je vis la lame s'éloigner de ma gorge pour descendre lentement à ma jambe. Je mis quelques secondes pour comprendre cette atroce réalité. Je paniquai en remuant dans tous les sens, oubliant toute humilité.

"Je t'en supplie !!! fais pas ça!!"

Je poussai un cri déchirant en sentant la lame s'enfoncer dans ma cuisse. L'arme blanche à la texture glacée, entaillée dans ma chair me faisait hurler de douleur. Quand elle se décida enfin de l'extraire après avoir bien former une entaille, je pleurais à chaudes larmes, réchauffant ma douleur précédente.

"j'ai mal, ça fait mal..."

Malgré cette blessure profonde qui me faisait atrocement souffrir, n'allez pas dire que les enfants exagèrent s'il vous plait, ma jambe gauche, inutilisable pour le moment, je m'armais de ma jambe droite pour essayer de me dégager.

J'espérais qu'en pleurant, elle aurait pitié...
J'espérais que mes cris l'énerveraient...

Je lançais des vagues d'annulation à tout bout de champ, bloquant son pouvoir, au cas où elle voudrait s'en servir contre moi. Juste pour ça, je lui lançais un petit sourire arrogant montrant que je ne suis pas non plus sans défenses.

"Quoique tu fasses, je ne me rendrais pas !! sorcière!!"

Je lui tirai la langue, riant légèrement entre deux sanglots et continuait malgré ça de crier sous les coups. Je me fichais de ce qu'elle pouvait me faire, à ce moment là, je ne pensais qu'à une seule chose : crier si fort pour la saouler et qu'elle me lâche.

"Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! Lâche moi! [...]"

J'aperçus à côté de moi mon foulard porte-bonheur violet, il avait du glisser quand elle m'avait attraper. Je le vis et tentais de me dégager pour le prendre. Ma main tremblait et je forçai avec difficulté, poussant des petits gémissements d'efforts. Je baissai la main, découragée..

« All the Words I say are only lies …

Je la regardai, mon air mesquin toujours plaqué sur mes lèvres. Elle ne voulait pas et elle s'y attachait. Je n'avais pas été claire, apparemment. Ses cris me montaient à la tête, on aurait cru un gosse qui passait sa vie à hurler, un enfant maltraité. Je la maltraitai, vous croyez ? Non, je dirais juste que j'exerçai mon métier. … Huhu … Quoi, c'est pareil ?! Non non, trois fois non, ce n'est en aucun cas similaire ! Je suis une serial-killeuse. Pas une vulgaire mauvaise mère ! Après tout, je ne la connaissais pas et je ne risquai pas d'être mère. Pourquoi ? Bougres d'imbéciles ! La raison est très simple, voyons ! Je suis stérile, c'est bien pour ça que je n'aurais jamais de gosse ! Tss, c'est facile de le savoir, pourtant ! C'n'est pas une excellente protection qui définit le fait de ne pas avoir d'enfants au cours d'un rapport ! Enfin, c'est possible, mais quitte à choisir, j'préfère être stérile. Pas besoin de moyen chimique pour ne pas féconder, c'est tout naturel, haha. Pourquoi j'en ris ? Oh, shit, c'est mieux d'en rire que d'en pleurer, non ? Enfin bref, je m'égare beaucoup trop.

Si c'est un rêve, ne me réveillez pas, si c'est la réalité, ne m'interrompez pas. Ses cris me plongeaient d'autant plus dans la béatitude, dans le rêve total. J'aimais l'entendre hurler sa douleur. Quand enfin elle me dit que ça lui faisait mal, je partis sur un rire machiavélique et effroyable. Puis la gamine tenta de se dégager, utilisant sa jambe valide, en dépit de celle que je meurtrissais avec plaisir.

Je soupirai, en proie à une envie de voir de l'agonie. Ma main glissa le long de sa cuisse, effectuant un mouvement lent, allant de appuyer sur la plaie. Les hurlements faisaient battre mon cœur. Le moment était extraordinaire, magnifique, mieux que n'importe quel autre. Mon rire ne s'arrêta pas pour autant, j'avais l'air d'un monstre et … contre toute attente, au lieu de me déplaire et de m'alarmer, cela me plaisait. J'étais une psychopathe. Je ne me souciai pas des gens et détruire les règles m'avait toujours amusée. Je les éclatai, comme un grillage que l'on détruisait d'un simple coup de bras. Je ne me cassai pas la tête à user de mon pouvoir, m'amusant à lui détruire le corps avec mon couteau et de bons gros coups.

Puis Sakura me titilla de nouveau, me regardant avec arrogance. Donc, j'étais une sorcière … pourquoi est-ce que ce nouveau statut ne me dérangeait pas non plus ? Pourquoi étais-je « fière » de cela ? L'on pouvait m'insulter de tous les noms, du moment que cela s'alliait avec mon caractère monstrueux, cela ne me gênait pas, au contraire. Oui, j'étais totalement corrompue … pauvre de moi ? Non ! Au contraire.

… because basically, I'm a monster …

Une main qui bloquait sa gorge alla s'accrocher à une tignasse de cheveux pour finalement la maintenir et serrer. Gardant ma position et ma main bien serrée, je tirai vers le haut, tandis qu'elle gueulait pour que je la lâche. Évidemment, je n'allai pas la lâcher de si tôt. Oh que non. Je secouai sa tête de haut en bas de manière violente.

Fermes ta gueule !

Ma main glissa sur le côté, gardant quelques nœuds de ses cheveux entrelacés avec mes doigts, tandis que je lui écrasai la tête contre un arbre. Elle croyait vraiment que son manège m'arrêterait ? Eh bien … petite Sakura … tu étais bien tombée. Car si certains ne te supportaient pas quand tu gueulais, je n'allai pas te lâcher maintenant. Oh que non. Je t'aurais à l'usure, ma puce, crois-moi. Muhihi … ma puce … tu prenais tellement cher … et j'aimais tellement ça … Désolée d'être un monstre ! Je pris vivement mon couteau et lui plaçait sur le ventre.

… And nothing and no one can change me. »

Je la regardai avec un sourire mesquin et méchant, me préparant à lui mettre un nouveau coup de poignard.

Alors, tu viens avec moi ou tu veux encore prendre des coups ?

au secours... au secours.. Je n'avais plus que ces mots là en tête. Je n'arrivais plus à penser à autre chose. La douleur était tellement forte que ma gorge se nouait progressivement. Je ne pouvais plus cirer, ni même parler pour répondre à ces méchantes provocations. Aucun son ne sortait de ma bouche. J'avais mal, trop mal pour remettre en fonction mes cordes vocales. Quelques gémissements sortaient et encore, je la suppliait du regard de me lâcher. Je voulais qu'elle arrête, qu'ils arrêtent. Cette chasse à la souris me traumatise. Je réussis finalement à prononcer ces mots avec difficultés.

"Pitié, arrête... Je t'en supplie!"

C'en était trop pour moi. Il me restait à peine la force de remuer doucement, pour essayer, je dis bien essayer de me dégager de son horrible emprise. Je tournais la tête lentement, regardant des deux côtés pour vérifier encore s'il n'y avait pas quelqu'un pour venir me sauver. Je poussai alors un long soupire de détresse. personne. Nous sommes seules. Quel cauchemar!
Soudain, je la vit changer de direction pour aller m'éclater la tête contre un arbre. Je hurlai, ma voix revint! Nan mais on s'en fous là... Je me débattais encore, grognant des injures. Puis, je ressentis une drôle de sensation, mes membres se figèrent. Satané pouvoir! contrôler mon sang! c'est horrible! Rassemblant le peu de force que je pouvais, et voyant qu'elle me reprenait face à elle pour me parler, je lui lançai une vague d'annulation. A ce moment précis, dé-paralysant ma jambe, je la levai violemment pour heurter son menton avec mon genou. Cette scène fut violente. Je sentis qu'elle lâcha prise et tomba en arrière. Mon corps effectua alors une rotation arrière. Vous savez, comme les ninjas dans les films! Un sourire fier au visage, mes sourcils se fronçant de détermination. Ma pauvre lueur d'espoir fut vite éteinte lors de l'atterrissage. Voulant retomber sur mes deux pattes, ma jambe gauche, grièvement blessé handicapa mon enchaînement. Je glissai alors et m'aplatis comme une crêpe, mangeant le sol, égratignant une fois en encore mon pauvre visage.

Le reflet de la lune qui éclairait cette scène pathétique fut caché par une ombre. Oh non! Alicia s'est relevé. Je rampais tant bien que mal, allant à la vitesse d'un escargot. Je pleurais, mon regard flouté portait attention a mes larmes dégoulinant sur les pierres pleine de craie, tachées par ce liquide honteux.

"non...pourquoi..?"

Dans mon esprit, je me comparais à un oiseau agonisant , tentant d'échapper au chat qui dans mon dos, devait se lécher les babines a l'avance."

La furie d'un monstre qui se réveille …

J

aucun

S

J

D

– Parce que maintenant … je vais y aller plus fort ! Et tu ne risques pas d'aimer ça.

C

– Alors, petit chou, tu t'amuses bien à nous faire courir après toi ? Sais-tu que ça nous énerve ? Que maintenant, nous ne serons plus … « gentils » ? Maintenant, tu ne ressentiras plus de souffrance mais un supplice continuel. Je ne t'épargnerai aucune douleur. Tu es la personne la plus énervante que je connaisse. La gamine qui me file le plus les nerfs. Pourquoi ? Parce que tu cries que tu veux qu'on s'calme. Qu'on arrête. Qu'on te lâche. Tu veux vraiment ça ? Alors viens. Tombes avec nous dans les ténèbres. Deviens l'une des nôtres. Deviens … une Dark-Dog !

J

… est complètement incontrôlable. »

"Si on m'oblige à regarder à travers des yeux qui ne sont pas les miens..."

Encore une fois, j'étais soumise à sa volonté, j'étais sale, une gamine sale et énervante qui la soulait, sur qui on devait prendre sur nous pour réussir sa mission.Pourquoi? Connaissez vous l'histoire du "pourquoi"? Je lui demandai pourquoi elle me faisait ces choses atroces, elle me répondait sans broncher, avec ce sourire de psychopathe toujours la même réponse, jamais celle que j'attendais. Moi, je voulais savoir :

"Mais pourquoi?" Pourquoi dois-je devenir une Dark-Dog?"

Je ne voulais pas! ça non! Je ne vois pas pourquoi on me forcerait, on m'obligerais à choisir mon destin! En plus, je suppose que c'est plus mon pouvoir que pour ma personne. Mais je me battrais jusqu'au bout! J'eus un petit rire nerveux. Me battre?! Mais je suis à terre, écrasée par une force qui me domine entièrement. je gigotais en grognant, lui ordonnais de me lâcher en gueulant.

"Et puis quoi encore? T'as cru que j'allais accepter gentiment de rejoindre votre groupe de barbares ?! Si c'est ça tu te trompes! Je...je préfère mourir!"

Et v'lan! Prends ça Alicia! Oui, j'ai des réactions de gamine mais en même temps, j'en suis une. Évidemment que je ne voulais pas mourir, je l'imaginais m'écraser la colonne vertébrale avec son pied en souriant "pas de problème chérie" Rien que cette image désastreuse et foudroyante d'une humiliation mortelle me fit verser quelques larmes invisibles. Mais peut-être bien que cette torture est efficace. Car ça m'endurcit! Mes parents adoptifs me le répétaient assez souvent. Quand je revenais à la maison et qu'ils m'ignoraient totalement et que parfois J'étais totalement en sang, ils m'adressaient ne serait-ce qu'un regard en me disant : "bof, ça t'endurcit.." Quand je pense que j'aimais profondément mes parents..qui ne l'étaient même pas.

J'essayais de me dégager malgré ce POID LOURD appuyant sur mon dos meurtri. Puis pendant quelques secondes, j'eus abandonné toute raison, j'étais prête a dire oui, la douleur était tellement immense qu'elle en absorbait même mes pensées qui pourraient la procréer. Cependant, je décidais de contredire mon corps et de m'immerger vers ce que je voulais vraiment, donc mon esprit. Mon corps, si souillé, ne m'apportera rien de bien important, si ce n'est pour ce que je m'apprêtai a faire.
Mon esprit se connecta a se groupement de cellules pour les activer et provoquer une vague de chaleur que je sentis parcourir l'échine. ça monte, ça monte, ça monte...

"..."

Je ne pus me rappeler par quel moyen j'eus réussi a me détacher de son emprise, je suppose qu'elle ne s'en souviens pas non plus. Je fus aveuglé par une lumière plus aveuglante que celle qu'émet la lune et cela m'obligea à fermer les yeux. Une fois réouvert, j'étais devant Alicia. Je voulais en profiter pour partir en courant mais tôt ou tard, elle m'aurait rattraper alors autant mettre en action ce que je savais faire. J'allais me venger de cette souffrance qu'elle avait osé m'infliger.

Je levai mes petits poings, profitant du coup de pouce que me donnait mon corps, me faisant oublier la douleur et les blessures quelques minutes. Je me jetai sur Alicia, lui donnant un coup de coude dans le nez, enchaînant par un coup de genou dans le ventre suivit d'un autre droit qui atterrit pleine face sur son visage qui l'éjecta a un mètre.
Dans un petit rictus de victoire, j'étais debout devant elle, cette furie à terre, et pour la première fois, la brebis avait renié son destin et avait donné sa pâté au loup. Il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre.

"Moi aussi je sais me battre!"

D'un air arrogant que je lui lançais, je ramassais son poignard, mon regard était vide et je ne me contrôlais plus, je m'avançais vers elle et la plaqua au sol pour avec une vitesse étonnante, brandir l'arme vers elle, prête à lui infliger un coup mortel, je vous le répète, de mes pupilles dilatées, je n'arrivais pas a reprendre le dessus sur ma colère. Et au moment ou j'allais frapper, je repris possession de moi même.

Mon corps fit un grand élan sur le côté, m'étalant par terre, crachant une giclée de sang. Et oui, il ne faut pas abuser! Mes blessures se rouvrant, je baignais dans un marre de sang. Je jetai un regard suppliant à Alicia, les larmes aux yeux et prononçai la seule phrase qui semblait me réconforter.

"Pourquoi?"

Puis je perdis conscience, me fichant de ce qui pourrait m'arriver, après tout, j'étais déjà dans un sale état...

"...je préfère devenir aveugle."

Tout le monde me voit comme une personne enjouée, à moitié folle, toujours prête à faire la fête. Il est vrai que je déborde de plus d'énergie qu'il n'en faut, mais … d'un coup, je me dis qu'il serait peut-être mieux de ne pas avoir de pêche du tout. Je devrais plutôt me taire, me terrer dans un silence qui m'est inconnu, m'enfermer dans une inactivité permanente, dormir éternellement, tout en restant consciente. Car sinon, je risque de briser, de blesser, d'assassiner … lorsque l'on me fait sortir de mes gonds. Mais ça, qui le sait ? Qui me connait vraiment ? À part moi ? Personne. Je suis la seule à savoir ce dont je suis capable. Et encore. Je n'en suis pas si sûre …

Dire que pendant ce moment, je ne ressens même pas de peur … pourquoi le fait de mourir ne me terrifie-t-il plus ? Pourquoi ai-je l'impression que la vie, normalement si importante aux yeux de tout un chacun, ne m'étais plus si primordiale ? Avais-je fait tout ce dont j'avais à faire ? Non. J'étais simplement déjà morte. Et mourir de nouveau ne me fait plus rien. Tues-moi, Sakura, si ça t'amuses … Oui, tues moi … même si, dans le fond, tu n'y arriveras pas !

Je suis un monstre … rien de plus qualificatif ne pourrait me désigner. Je suis une personne incontrôlable, en pleine transe, j'ai envie de tuer, de faire sentir aux personnes qui m'approche la douleur de la vie, cette chose si injuste infligée par le destin. J'ai envie de montrer que dans un simple coup de couteau, il y a tellement de soulagement … En fait, je n'en sais rien … je veux juste assouvir ma soif de sang. Et malheureusement pour Sakura, le fait de se trouver devant moi, inoffensive, ne faisait qu'aggraver les choses. Est-ce le doux requiem d'une vie qui s'achève, que j'entends au loin ?

– Pourquoi nous sommes barbares ?! Parce que tu es une sale peste ! Pourquoi nous te voulons ?! Parce que ton pouvoir est excellent ! Pourquoi nous te blessons ?! Parce que tu nous les casses ! Pauvre imbécile, sale peste !!

Le Noir. Le Noir complet. Je ne voyais rien. Plus rien. Mon âme avait été temporairement endormie. Je me criais de me réveiller mais je ne m'écoutais pas. Je crois que j'ai pus sentir tout cet espace autour de moi. L'odeur du lac parvenait à mes narines qui frémirent. Si une réaction comme tel arrivait, cela voulait dire que j'étais vivante. Ce qui me rassura, dans mon rêve que je désirais éternel. Si bon, si doux, si réchauffant. C'était ... humide aussi. Oui, humide. Était-ce le sang dans lequel je baignais?

Allez, réveille toi...

Cette fois, ce fut le parfum délicat et agressif d'Alicia qui parvint a mes narines. Cela me donna l'envie de dormir pour toujours. Mais je sentis un picotement, mes paupières se levèrent doucement. Alicia ne l'avait pas encore remarqué. Tant mieux. je la regardait, elle veillait de temps en temps sur mon corps qui demeurait immobile, contraire à mes yeux qui bougeaient sans cesse pour observer les alentours...que je connaissais maintenant par cœur. Mes membres, engourdis, me firent parcourir un frisson. L'angoisse et la peur vinrent s'incruster dans mon cœur, aplatis par la douleur fatiguée. Je me rendis vite compte qu'il n'y avait aucune issue. Aucune. L'eau qui coulait de mes yeux vint se mélanger au sang, ce qui atténua la couleur si foncé du rouge agressif. Tss...je raconte n'importe quoi.

Un bruit de toux se fit entendre. J'avais mal a la gorge. Je crachai une giclée de sang qui vint se mélanger au reste de la marre. Je tremblais, voulant me relever, avant qu'Alicia ne viennent stopper ma course. Pendant que je dormais, je l'avais entendu me traiter. Je suis une sale peste, elle a dis. Mes doigts s'enfoncèrent dans la terre, ramenant vers moi des petits cailloux. Je la regardai, voyant qu'elle m'avait enfin remarqué. Avais-je droit à une dernière chance? Mourir. Même si je ne le voulais pas.

"Je t'en prie... Laisse moi..."
Je fermai les yeux pour retrouver le Noir. Le Noir complet.

"Ou achève moi..."

Peut-être allait-elle me laisser en plan et je finirai cette nuit avec cette magnifique pleine lune. Mais ça serait trop beau. Elle allait surement m'écraser encore plus, comme si je n'étais pas aussi enfoncer dans le sol. Tellement qu'on pourrait croire que je creuse ma propre tombe.

Soudain, j'eus envie de pleurer, devant tant d'atrocité. Puis j'ai voulu rire. Alors j'ai ris.

"Le plus pitoyable ne m'inspire plus de la pitié mais du dégout"

« Viens, viens avec moi, petit chaperon … » [PV Sakura] [Finish]

« Viens, viens avec moi, petit chaperon … » [PV Sakura] [Finish]

Sujets similaires

Sujets similaires